Plus de 6000 indigènes du Brésil, coiffes à plumes et tenues traditionnelles, se sont retrouvés mardi en plein cœur de Brasilia pour protester contre la politique du président Jair Bolsonaro, qu’ils accusent de menacer leurs terres ancestrales.
Des indigènes avaient commencé à installer dès dimanche, à l’appel de la Coordination des peuples indigènes du Brésil (Apib), un campement de tentes de "Lutte pour la vie" où doivent se dérouler jusqu’à la fin de la semaine des "manifestations contre la politique anti-indigène" de Bolsonaro.
Les indigènes s’opposent à divers projets de loi qui, selon eux, menacent gravement leurs droits et leurs terres ancestrales, et particulièrement un jugement crucial de la Cour suprême.
Contre la "thèse temporelle"
Au cœur des inquiétudes, le Projet de loi 490 (PL-490), soutenu par le gouvernement du président d’extrême droite et ses alliés, qui doit aller devant le Congrès.
La question la plus polémique en est la "thèse temporelle" qui ne reconnaît comme ancestrales que les terres qui étaient occupées par les indigènes quand a été promulguée la Constitution, en 1988.
Or de nombreuses tribus ont été déplacées lors des soubresauts de l’histoire brésilienne, notamment sous le régime militaire (1964-85). De retour sur leurs terres, elles réclament la protection du statut accordé aux réserves, auquel est opposé le puissant lobby brésilien de l’agronégoce.
Mercredi sera une journée cruciale. Les indigènes ont prévu de marcher jusqu’à la Cour suprême, au moment où celle-ci commencera à siéger pour décider si la "thèse temporelle" s’applique à une réserve de l’Etat de Santa Catarina (sud). Ce jugement affectera des dizaines de territoires objets de litige depuis des années.
C’est un thème "important parce que divers secteurs au Brésil cherchent à empêcher la démarcation des terres indigènes, y compris dans des lieux où ils se trouvaient déjà", explique Juliana de Paula Batista, avocate de l’Institut Socio-environnemental (ISA), qui défend les droits des peuples autochtones.
Cela pourrait légitimer la violence contre les peuples indigènes