Anne Vigna, correspondante pour la RTBF au Brésil, souligne l’écart minime entre les deux candidats au sortir des urnes. Moins de deux millions de votants. "Ce qui est absolument inédit dans l’histoire du Brésil. Les sondages avaient prévu un écart beaucoup plus important, environ six millions de voix. Ce score montre donc bien que le bolsonarisme est bien implanté dans la société brésilienne". Un Brésil très divisé donc. "On a un vote Bolsonaro dans les états les plus riches, au sud et à l’ouest du pays, là où l’agro-business et les industries sont très présents. Puis une gauche qui continue à très largement dominer le nord-est du pays, beaucoup plus pauvre.
Politiquement, il aura aussi fort à faire car les élections du début du mois ont vu un renforcement de l’opposition parlementaire. Les alliés de Jair Bolsonaro forment le principal bloc du Congrès. Lula (et son "parti des travailleurs") devra donc faire des alliances… "Ce qui est toujours très compliqué au Brésil car il y a énormément de partis" analyse notre correspondante.
Sa marge de manœuvre est trop faible
Outre le Congrès, à Brasilia, "la majeure partie de la population du pays va être dirigée par des gouverneurs alliés de Jair Bolsnonaro. D’ailleurs, hier soir, son ministre des infrastructures a emporté l’Etat de Sao Paulo, le plus peuplé. Les états de Rio de Janeiro et le Minas Gerais seront aussi gouvernés par des alliés de Bolsonaro". Lula, dont les compétences de négociateurs, issues notamment de son passé de syndicaliste, lui seront plus que nécessaires. Ce serait néanmoins possible, notamment car "tous les bolsonaristes ne sont pas des extrémistes" souligne Anne Vigna.
"A l’aise dans les différents secteurs de la société, avec les secteurs économiques que les syndicats, il va jouer sur cette expérience négociatrice pour constituer une majorité très large qui va devoir lui permettre de gouverner. Mais gouverner sans grands projets de réformes" souligne Frédéric Louhault. "Parce que sa marge de manœuvre est trop faible. Il a beaucoup promis à des alliés - jusqu’à la droite traditionnelle – et il devra rendre politiquement les services qui ont été rendus ses derniers mois".
Lula a en tout cas souligné lors de son discours qu’il avait hâte d’être au premier janvier, jour de l’investiture.