Généralement, on accepte facilement d’être corrigé dans des habitudes langagières, appelées aussi sociolectes, c’est-à-dire partagées par tout un groupe. Ces sociolectes, ce sont ces expressions du type 'du coup', souvent utilisé abusivement. Ou encore le 'ouaich' utilisé par les jeunes… Cette façon de parler permet une économie cérébrale, on ne pense pas trop, on laisse aller un langage fluide. Ces raccourcis de langage peuvent aussi être plus personnels : chacun a des mots bien particuliers qu’il utilise abondamment.
On accepte moins facilement, en revanche, d’être corrigé pour les habitus langagiers. "C’est quelque chose d’un peu plus profond, qui fait partie de nos couches intimes. C’est la façon dont a appris la langue avec nos parents et cela fait partie de nos façons naturelles de dire les choses", explique Bruno Humbeeck.
Si, par exemple, on dit : "Si j’aurais su, j’aurais repassé par la 'pharmacerie'", à l’école, on va nous dire qu’on parle comme un charretier. Et c’est comme si on traitait nos parents de charretiers. Cela peut créer des conflits de loyauté importants.
"Et nous pouvons avoir l’impression que ce n’est pas notre code linguistique qui est corrigé, mais nous-mêmes. Et quand on touche aux couches affectives en corrigeant la langue affective, on provoque un choc émotionnel."