Quasiment deux fois moins de faillites à Bruxelles en 2020. A peine 1587 contre 3074 en 2019. C’est ce qui ressort du baromètre du bureau d’études Graydon. Cela s’explique notamment par les moratoires sur les faillites mais pas seulement.
Il y a d’abord eu un premier moratoire officiel entre mars et juin. Un second a débuté en novembre. Il est d’ailleurs toujours en cours. Entre les deux, c’est un moratoire de fait qui a été appliqué. "Il faut savoir qu’une grande majorité des faillites est causée par des administrations comme l’ONSS ou le Fisc. Et pour l’instant, elles ne sont pas rentrées en action à ce niveau-là " explique Eric Van Den Broele, responsable des études chez Graydon.
Toutes les mesures de soutien aux entreprises mises en place par les différents gouvernements entrent aussi en ligne de compte.
Cette analyse est valable pour l’ensemble du pays. Mais on constate qu’à Bruxelles, beaucoup moins de faillites ont été prononcées que dans les deux autres régions. À Bruxelles, 1587 entreprises ont fait faillite en 2020, contre 3074 en 2019. Cela représente une réduction de moitié (-48,4%). La Flandre et la Wallonie n’enregistrent qu’une diminution d’un quart. " Cela s’explique par des politiques différentes en matière de faillite d’un tribunal à l’autre ".
Tsunami de faillite
Dans un contexte normal, cette baisse des faillites serait simplement une bonne nouvelle. Mais dans les faits, le bureau Graydon s’attend à un effet de rattrapage dans les mois et les années à venir. " Lorsque le moratoire sur les faillites prendra fin et que les mesures de soutien seront progressivement supprimées, on s’attend à une avalanche de faillites, je dirais même un tsunami qui se développera lentement et qui se développera sur deux à trois ans. Il faut s’attendre à environ 50.000 faillites supplémentaires au niveau national", précise Eric Van Den Broele.
Cibler les aides
Voilà pourquoi Graydon plaide pour des mesures supplémentaires ciblées pour les entreprises qui étaient en bonne santé financière avant la crise. " Aujourd’hui, on voit, notamment dans le secteur de l’Horeca à Bruxelles, que certaines entreprises se portent mieux en temps de Covid qu’avant la crise. C’est évidemment un effet pervers de ces aides. Il est maintenant temps de se demander si notre société doit soutenir des entreprises qui étaient déjà en très graves difficultés avant le coronavirus. En revanche, il faut encore accompagner les entreprises qui étaient en bonne santé financière. Là si on les laisse tomber tout simplement, on risque de créer des effets d’avalanche énormes. C’est là où le soutien gouvernemental doit se diriger ".