Je suis féministe intersectionnelle
"Je suis féministe intersectionnelle, je le revendique. Même si dans les lois, on a obtenu l’égalité, dans les faits, l’égalité n’est pas du tout acquise. J’ai également fait attention à avoir des femmes qui ne sont pas toutes blanches, qui ne sont toutes minces", ajoute Léonie Bischoff. "Il y a une diversité des modèles et des personnages représentés. Je crois beaucoup dans l’importance des représentations dans la fiction de personnages divers dans les rôles divers."
"Le féminisme intersectionnel (NDLR: approche dite inclusive qui fait parfois débat) est la bonne façon – c’est un avis personnel - de lier les luttes. L’expérience du féminisme blanc, telle qu’on l’a connu pendant des décennies, est face à un mur. L’ennemi, ce n’est pas l’homme mais le patriarcat capitaliste qui repose sur la domination des personnes racisées, handicapées, pauvres… Ces luttes se rejoignent. Quant à la femme voilée, je sais que ce sont des choses qui peuvent porter à polémique. Pour moi, en tant que féministe intersectionnelle, il n’y a pas de polémique, je suis pour la liberté de choix. Autant je condamne le fait de forcer une femme à porter un voile, autant quand c’est son propre choix et sa façon de voir sa spiritualité, je le défends."
Ce changement doit se voir dans l’espace public
Le parcours BD de la Ville de Bruxelles se décentralisé vers Haren, Neder-over-Heembeek et Laeken (avec la récente réalisation d’Elodie Shanta place Bockstael) et se féminise, comme on l’a dit : ce sont les objectifs de la majorité actuelle. "Par féminisation, on entend soit des fresques réalisées par des autrices soit des fresques qui mettent en évidence des personnages féminins", explique Arnaud Pinxteren (Ecolo), échevin de la Rénovation urbaine.
"Je suis consciente que j’ai approchée par les personnes responsables du parcours BD avec une intention de mettre un peu plus d’autrices et de personnages féminins dans le parcours. Le monde de la BD est en train de changer mais a très longtemps été le domaine du masculin. Ce changement doit se voir dans l’espace public", complète Léonie Bischoff.
Mettre à l’honneur son talent et les combats qu’elle mène
"Ici, c’est le cas avec cette troisième fresque laekenoise par Léonie Bischoff, artiste de talent. Son œuvre met en avant les femmes, l’organisation, le fonctionnement collectif. Nous avons voulu mettre son talent à l’honneur et les combats qu’elle mène", enchaîne l'échevin.
"C’est un élément sur lequel nous avons aussi envie de travailler dans le cadre des 30 ans du parcours BD", ajoute celui qui estime que certaines fresques BD historiques posent question et interpellent en termes de représentation des femmes ou de message à caractère colonialiste. Exemples avec "Blondin et Cirage" rue des Capucins, "Passe moi l’ciel" rue des Minimes ou encore "Odilon Verjus" rue des Capucins également.
"Certains nous ont demandé de retirer ces fresques. Nous ne le ferons pas. Nous préférons les contextualiser." Des codes QR seront progressivement installés au bas de chaque fresque. Ils permettront aux visiteurs de connaître l’œuvre, son contexte historique, l’auteur de la bande dessinée, le thème et le(s) personnage(s) mis en avant.
Il n’y a pas de message politique derrière cela
En tout cas, la fresque féministe de Léonie Bischoff, réalisée après un échange avec les habitants du quartier, est-elle un message politique? "Le parti pris est de mettre à l’honneur des femmes", enchaîne Arnaud Pinxteren. "Cette fresque, à cet endroit-là, est importante. Elle donne une place aux femmes dans un quartier qui n’est pas très féminin, un quartier royal historiquement où la femme a peu de place dans le patrimoine du quartier. Cette fresque nous permet aussi d’envoyer ce message-là."