Belgique

Bruxelles : une fresque dédiée aux "éco-anxieux". Qui sont-ils ?

Cette fresque murale a été inaugurée, ce samedi à Laeken. Elle rend hommage aux personnes souffant d'éco-anxiété.

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Par J-Fr. N, avec C. Dath et A. Wavreille

A quelques encablures de la COP 26, la conférence sur le changement climatique, qui se tiendra à Glasgow (Ecosse) début novembre, l'"urgence climatique" est au premier plan de l’actualité. Arrêtée par le covid et la crise sanitaire, la "marche pour le climat" fait son retour, ce dimanche 10 octobre à Bruxelles. Plusieurs milliers de manifestants sont attendus.


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A la veille de cette manifestation, une fresque a été inaugurée à Laeken ce samedi. Elle est dédiée à ceux pour qui les changements environnementaux et climatiques sont cause d’anxiété. L’éco-anxiété, comme on l’appelle, est une réalité

La crise climatique vous angoisse-t-elle ?

Qu’il s’agisse des inondations cet été en Belgique, de la vague de chaleur extrême aux Etats-Unis, des incendies de forêts, les exemples de catastrophes attribuées au dérèglement climatique ne manquent pas dans l’actualité. Les signaux qui se multiplient et qui indiquent que la planète va mal peuvent générer de l’angoisse chez certains.

Nos équipes de reportage ont rencontré une jeune étudiante, Manon. Elle s’interroge sur son futur et celui des prochaines générations. Le réchauffement climatique pourrait définir son avenir. "Je me demande vraiment à quel stade on va arriver au niveau du réchauffement climatique. Est-ce que j’ai vraiment envie de faire des enfants, parce que leur laisser un monde dans lequel ils vont juste souffrir de la chaleur, des inondations et où ils vont être totalement perdus…", explique Manon.

Elle n’est pas la seule à ressentir des inquiétudes de ce type pour son avenir et aussi celui des générations futures. Cette inquiétude, cette tristesse liée directement à l’effondrement de la biodiversité, de plus en plus de patients y sont confrontés. C’est ce que constate, dans l’exercice de ses fonctions, Martine Capron, Eco-thérapeute. "Le plus dur pour eux, c’est d’abord de croire qu’ils sont malades. C’est normal d’être inquiet par rapport à ce qui se passe. L’important, c’est de ne pas rester dedans et de ne pas être coincé dans ces sentiments qui amènent beaucoup d’impuissance, le sentiment d’impuissance. Et c’est souvent le sentiment le plus difficile à vivre pour les gens que je rencontre", explique-t-elle.

On estime que 10 à 15% des personnes ressentent de l’éco-anxiété

Il est encore difficile de dire avec précision combien de personnes, en Belgique, ressentent de l’éco-anxiété. En juillet dernier, interrogé par la RTBF, Alexandre Heeren, professeur de psychologie à l’UCLouvain, spécialiste de l’anxiété, se basait sur les études réalisées dans d’autres pays pour estimer à 10% de la population la part des gens qui vont manifester un niveau très élevé d’éco-anxiété. 

L’éco-anxiété fait ici référence à l’incertitude face aux conséquences du dérèglement climatique. Une autre forme, la solastalgie se définit, elle, comme la détresse que l’on peut ressentir en voyant comment l’activité humaine impacte l’environnement qui nous entoure aujourd’hui et maintenant.

Sortir de ce sentiment de détresse est possible

Même si les phénomènes climatiques sont désormais alarmants, il est possible de sortir de ce sentiment de détresse. Pour Marion Capron, Eco-thérapeute, "il faut accepter ce qu’on a perdu. Il faut pouvoir faire ce travail-là pour ensuite redevenir capable d’agir". "Donc, ce qui est important, c’est de vraiment prendre le temps d’aller à la rencontre de la nature, en contact avec elle, de la sentir, de la humer, de la regarder, de la toucher, de voir sa beauté et d’être touché par sa beauté", explique l’Eco-thérapeute.

Cet été, dans l’article que notre rédaction avait consacré à l’éco-anxiété, cette dernière était aussi présentée comme le moteur d’un changement. Alexandre Heeren, professeur à la faculté de psychologie de l’UCLouvain et spécialiste de l’anxiété expliquait que l’éco-anxiété pouvait être le déclic vers un changement : "Nous sommes des animaux, les émotions sont là, elles ont un rôle et l’anxiété est là aussi pour nous prévenir : "Attention quelque chose est là, qui crée de l’incertitude et qui pourrait être dangereux et donc il faut se bouger", expliquait-il.

Le conseil était donc de "prendre le temps d’écouter nos émotions et les utiliser pour aller de l’avant". Par ailleurs, passer plus de temps dans la nature permet aussi de diminuer le stress, car la nature, même si elle est perturbée par les changements climatiques et le réchauffement a, certainement, encore de belles choses à nous apporter.

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