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Bruxelles : une rue portera le nom d’Eunice Osayande, prostituée tuée en 2018 à Schaerbeek

Eunice, 23 ans, est morte dans ce carré de la rue Linné, à cheval entre Schaerbeek et Saint-Josse.

© Belga

Pour la première fois en Belgique, une rue portera le nom d’une prostituée, a appris la RTBF. Le nouveau quartier Wharf en développement le long du canal, quais de Willebroeck et des Péniches, à la Ville de Bruxelles, comptera bientôt une rue Eunice N. Osayande.

Eunice Osayande, c’est cette jeune prostituée de 23 ans, poignardée à mort dans la nuit du 4 au 5 juin 2018 dans sa carrée de la rue Linné à Schaerbeek. Son meurtrier, 17 ans au moment des faits, devait être jugé la semaine dernière par la cour d'assises. Mais le procès a été ajourné, faute de jurés.

La mort d’Eunice Osayande avait suscité l’émoi et la colère dans le quartier où elle travaillait. A l’époque du drame, une manifestation réunissant des travailleuses du sexe avaient été organisée. Celles-ci, pour la plupart nigérianes, réclamaient plus de sécurité et une présence policière renforcée dans le quartier Nord, tant à Schaerbeek qu’à Saint-Josse. Le geste de baptiser une artère du nom de la victime de ce drame, exploitée par un réseau de prostitution avant sa mort, est fort.

Marche blanche des prostituées à Schaerbeek

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La féminisation de l’espace public est une volonté de la Ville de Bruxelles. Pour l’échevinat d’Ans Persoons (Vooruit), en charge des Espaces publics, "le féminisme concerne toutes les femmes et inclut les droits et les luttes des femmes à tous les niveaux sociaux. 42% des femmes âgées de 16 à 69 ans ont subi des violences sexuelles et/ou physiques à un moment donné. Ce pourcentage est beaucoup plus élevé chez les travailleur.se.s du sexe. La lutte pour faire tomber ces chiffres incroyablement élevés mérite plus d’attention et d’urgence. Et c’est exactement pourquoi nous dédions cette rue à Eunice Osayande aujourd’hui."

Une gestion de la prostitution

La symbolique d’un côté, la gestion au quotidien de la prostitution par la Ville de Bruxelles de l’autre. Cette dernière pose régulièrement question, principalement dans le quartier Alhambra, autour du Théâtre flamand, où il s’agit de prostitution de rue. Les associations qui viennent en aide aux travailleuses du sexe accusent les autorités communales de vouloir interdire purement et simplement la prostitution sur place, au travers d’une série de règlements. Cela avait été le cas, la dernière fois, au début de la pandémie de coronavirus avant que le Conseil d’Etat ne donne tort à la Ville.

"Interdire la prostitution pour lutter contre le coronavirus, sans se préoccuper du sort des travailleuses du sexe qui seront privé.e.s de leur gagne-pain", indiquait à l’époque l’ASBL Utsopi (Union des Travailleur. se.s du Sexe Organisé.e.s pour l’Indépendance), "ce n’est pas la solution. C’est même contre-productif car pour survivre, beaucoup de travailleu-r-ses n’auront d’autre choix que de travailler dans la clandestinité, ce qui va aggraver la situation sanitaire."

Les travailleurs du sexe sont souvent oubliés

Dans le cadre de la rue Eunice Osayande, Ville de Bruxelles et Utsopi ont décidé d’oublier les divergences et de collaborer pour une cause commune : mettre la lumière de manière durable sur les violences sexistes en utilisant les possibilités offertes par l’espace public. Maxime Maes, de l’ASBL explique qu’Utsopi "se réjouit de cet hommage fait à notre collègue qui nous a été enlevée si sauvagement. Les travailleurs du sexe sont souvent oubliés, cette fois-ci ce ne sera pas le cas."

Le projet de rue Eunice Osayande sera soumis au conseil communal lundi prochain. Inauguration prévue dans quelques semaines.

Grève de prostituées à Bruxelles

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