La Région de Bruxelles-Capitale entend-elle envoyer des colons, défricher des terres dans les Brabant tout proches ? A entendre certaines réactions aux projets du ministre bruxellois de l’Environnement, on en était presque là même s’il faut le reconnaître, le gouvernement bruxellois a régulièrement la fâcheuse tendance de mettre ses coreligionnaires devant le fait accompli ou à tout le moins d’avancer sans la plus élémentaire concertation, comme on l’a encore vu sur le récent dossier du péage urbain.
Vous y ajoutez la rivalité épidermique entre libéraux et écologistes et vous obtenez un cocktail politiquement délétère.
Bonne question, mauvaise méthode
Il y a pourtant au départ une véritable question de société : la mobilité autour et dans Bruxelles d’une part, l’alimentation d’une grande métropole devant repenser ses circuits d’approvisionnement de l’autre. Toutes les grandes métropoles se posent les mêmes questions. Le péage existe à Londres, Rome sert, uniquement sur base de produits locaux, près de 30 millions de repas bios par an pour ses écoles. Et pour ces deux exemples, depuis plus de 15 ans !
Elke Van den Brandt a mis sur la table l’introduction éventuelle d’un péage pour limiter le flux automobile vers Bruxelles, sans discussion préalable avec les autres régions, principales concernées. De même Alain Maron, avance une piste pour l’autonomie alimentaire de la Région bruxelloise, sans concertation. Au passage, il est à noter qu’il s’agit de décisions portées par l’ensemble de la majorité bruxelloise, très discrètement solidaire pour le coup.
Rivalités
Les syndicats agricoles réagissent à la piste envisagée par le ministre écologiste bruxellois, comme ils l’avaient fait tout récemment vis-à-vis de Colruyt, soucieux lui aussi d’acquérir des terres, comme auparavant le groupe d’Albert Frère.
Au-delà du cas bruxellois, il y a toute une réflexion à mener sur la possession des terres agricoles, singulièrement en Wallonie : 70% des terres agricoles le sont via un bail à ferme, et donc pas exploitées par leur propriétaire. Là réside l’inquiétude des agriculteurs.
Bien entendu, il n’en fallait pas plus pour qu’une nouvelle fois, N-VA et MR tombent sur le dos des écologistes.
Il y a en effet, entre les deux camps régulièrement une vision radicalement différente de l’agriculture, que chacun caricature à qui mieux mieux. On se souviendra de la puérile vidéo libérale fustigeant les écologistes autour de l’aloyau et pour le nationalisme flamand il ne s’agit qu’une nouvelle version de l’olievlek bruxelloise qui envahit mère-Flandre !
En simplifiant, on retrouve face à face deux conceptions de l’agriculture qui plus est, tant à Bruxelles qu’en Brabant Wallon, se disputent le même électorat.
MR et Ecolo siègent pourtant ensemble dans trois gouvernements. Les réactions de David Clarinval ou de Willy Borsus à Alain Maron n’ont pas été dénoncées par leurs collègues d’Ecolo en Wallonie ou rue de la Loi à Bruxelles.
Les défis sociétaux de demain méritent mieux que l’improvisation des uns ou les réactions épidermiques sans guère de perspectives neuves, des autres.