Belgique

Budget fédéral : "Protéger", au centre de la Déclaration du gouvernement d'Alexander De Croo à la Chambre

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Le Premier ministre, Alexander De Croo était attendu à 14h15 à la Chambre pour la Déclaration du gouvernement. Il s’agissait pour la coalition Vivaldi de présenter les grandes lignes de la politique qu’elle entend mener en 2023.

Cette nuit et ce mardi matin, l’équipe d’Alexander De Croo a travaillé au finish pour se mettre d’accord sur le budget 2023. C’est en fin de matinée que le Premier ministre a confirmé, par Tweet, que le budget était confectionné.

Sans surprise, une large part des mesures prises pour 2023 concernent les aides aux entreprises et aux ménages face à la crise, en particulier la crise énergétique et la hausse des factures de gaz et d’électricité.

Un discours de politique générale sur fond de guerre en Ukraine

C’est en évoquant la guerre en Ukraine qu’Alexander De Croo a entamé son discours. "En ces heures sombres, la Belgique continue à se tenir debout aux côtés de la population ukrainienne", a déclaré le Premier ministre. "La Belgique n’abandonnera pas l’Ukraine, nous continuerons à vous soutenir", a-t-il ajouté, qualifiant au passage le président russe Vladimir Poutine de "fasciste pur et dur" et "d’homme dangereux".

Pour Alexander De Croo, "les attaques d’hier sur Kiev et plusieurs autres villes, les plaines de jeux, les parcs, les universités et les maisons de civils innocents bombardés ne laissent aucun doute sur la barbarie du régime". Mais, a estimé le Premier ministre, "l’Ukraine gagnera cette guerre".

Protéger la population belge avec un "bazooka énergie"

Il n’y a pas que les Ukrainiens qui souffrent, a expliqué Alexander De Croo. "Dans notre pays, nos propres citoyens sont également confrontés aux conséquences économiques de la guerre", a-t-il déclaré.

Dès lors, le gouvernement entend prendre des mesures pour protéger la population et les entreprises contre ces conséquences. Et de citer Ronald Reagan, "le premier devoir du gouvernement est de protéger le peuple, pas de diriger sa vie".

Aider, mais en tenant "un discours vérité". "Il n’y a pas de solution miracle", a annoncé Alexander De Croo. "Le gouvernement peut atténuer le choc, mais nous ne pourrons pas lever l’ensemble des inquiétudes", a expliqué le Premier ministre.

Pour protéger les Belges, le gouvernement se fixe trois priorités.
D’abord, il s’agit d’amortir le choc des prix de l’énergie sur les factures des Belges. Le Premier ministre est revenu sur le premier paquet d’aides pris avant la guerre en Ukraine et sur le forfait "énergie" décidé récemment pour les mois de novembre et décembre (ndlr : 61 euros par mois pour l’électricité et 135 euros pour le gaz). Ce forfait est prolongé jusqu’en mars. "Au total, on parle d’une aide atteignant 1000 euros cet hiver, pour la classe moyenne dont les factures dépendent d’un contrat d’énergie variable ou d’un nouveau contrat fixe", a précisé le Premier ministre. Il a aussi rappelé l’extension du tarif social et la décision de baisser de manière permanente la TVA sur l’énergie.

Le soutien aux entreprises a aussi été évoqué. "Pour nos indépendants, nos PME et nos entreprises, nous prolongeons les mesures de soutien "énergie" jusqu’à la fin de l’hiver", a expliqué le Premier ministre. Cela comprend une baisse des accises sur le gaz naturel et l’électricité ; la possibilité de recourir au chômage temporaire et au droit passerelle pour les indépendants.

Il s’agit, pour le Premier ministre, d’un "bazooka énergie". Il sera financé en partie en captant les surprofits des producteurs d’énergie. "Plus de trois milliards seront ainsi redistribués aux familles et aux entreprises", a déclaré Alexander De Croo.

Ensuite, le Premier ministre a rappelé qu’il comptait sur l’Europe pour "attaquer le mal à la racine". C’est à l’Europe d’agir parce que "le marché du gaz n’est plus un marché libre". "Nous devons intervenir pour protéger les autres marchés libres", a estimé Alexander De Croo. Selon lui, l’Europe présentera la semaine prochaine de nouvelles propositions.

Enfin, dans "cette guerre énergétique", le gouvernement entend "assurer l’indépendance énergétique de notre pays". "Plus vite que prévu, nous devons aller vers plus d’énergie bon marché et que nous produisons", a estimé le Premier ministre. C’est la raison pour laquelle "nous prolongeons la durée de vie de nos plus jeunes centrales nucléaires et que nous investissons dans la recherche pour de plus petits et plus propres réacteurs, l’avenir de notre énergie". Il n’y a plus de place pour les tabous", a précisé Alexander De Croo.

Un déficit prévu à 3,2% du PIB

Sans surprise, le financement de toutes les mesures prévues pour soutenir entreprises et ménages face à la crise à un coût. Le déficit budgétaire est fixé à 3,2% du PIB. Le Premier ministre a défendu cette politique budgétaire. "J’entends la critique de cet impact budgétaire. Et je partage l’inquiétude. Mais ma question demeure : qu’aurions-nous dû faire ?", a demandé le Premier ministre. "Aurions-nous dû laisser nos entreprises faire faillite pendant la crise covid ?", a poursuivi le Premier ministre. "Aurions-nous dû refuser d’accorder des aides aux indépendants ? Devrions-nous peut-être laisser notre classe moyenne dans le froid et dire 'tirez votre plan et à plus tard' ? Il est toujours possible de fermer les yeux et de ne rien faire. Mais alors, le coût pour notre économie et pour notre société serait bien plus élevé.", a estimé Alexander De Croo.

Le Premier ministre a aussi averti : après la crise, il faudra mettre de l’ordre.

Des mesures en matière d’emploi, un projet de réforme fiscale et une réforme du tarif social

La réforme du marché du travail reste au cœur des préoccupations du gouvernement. Pour que l’Etat soit "protecteur et défenseur des libertés", il doit "reposer sur des fondements solides". Et cela passe par des "pouvoirs publics plus performants, plus de gens au travail et des carrières plus longues", a expliqué le Premier ministre.

En matière de marché du travail, le Premier ministre épingle le nombre trop grand d’emplois vacants. Le "Jobsdeal" approuvé par le Parlement est l’une des solutions apportées par le gouvernement. Les étudiants pourront travailler plus, "jusqu’à 600 heures contre 455 aujourd’hui". Il y a aura aussi "plus de flexijobs" et des "incitants pour aller au travail pour les gens avec une allocation".

Une vaste réforme fiscale reste l’objectif du gouvernement qui "demande au Ministre des Finances de présenter, d’ici décembre, une première phase détaillée et ambitieuse de réforme fiscale".

Le tarif social devrait aussi être repensé et être "davantage lié aux revenus", "pour que l’aide profite aux personnes qui en ont vraiment besoin. Et surtout pour qu’elle ne pousse plus les gens à quitter le marché du travail", a expliqué Alexander De Croo.

En matière de pension, "les femmes et les hommes qui travaillent plus longtemps méritent une pension plus élevée", a estimé le Premier. "Et celles et ceux qui ne travaillent pas assez en ressentiront l’effet, avec pour la première fois une condition de travail liée à la pension minimale", a précisé Alexander De Croo.

Investir dans la défense et la sécurité.

Le Premier ministre a rappelé que le 25 février dernier, le conseil des ministres a décidé de faire croître le budget de la défense à 1,54% du PIB d’ici 2030. L’objectif pour 2035 est de 2% du PIB.

L’objectif est de pouvoir compter sur une armée de métier performante et des militaires motivés. "La réintroduction du service militaire généralisé n’a pas sa place dans cette stratégie", a précisé Alexander De Croo qui mise sur l’attrait de la carrière militaire pour les jeunes.

D’un point de vue plus économique, alors que les F-35 seront livrés à partir de l’an prochain à la Belgique, le Premier ministre envisage déjà leur remplacement dans 20 ans. "Il faudra une alternative européenne", estime Alexander De Croo.

Un "conseil de défense industriel" est aussi mis sur pied pour défendre les "bases industrielles, technologiques et militaires". L’idée est de "faire profiter nos entreprises des investissements militaires".

Il est aussi prévu de développer la "cinquième composante" de la Défense. Il s’agit d’étendre les capacités de l’armée en matière de cybersécurité car "les guerres se déroulent non seulement sur le terrain, mais aussi dans le cyberespace", a expliqué le Premier ministre.

Police, justice : aussi une priorité

"Un pays qui protège investit aussi dans la sécurité, dans des rues et des villes sûres", a ajouté Alexander De Croo, alors que la Belgique est confrontée à une vague de violences liées au trafic de drogue. "Notre réponse est claire : nous ne nous laisserons pas intimide", a-t-il indiqué, annonçant un milliard d’euros pour la police et la justice.

"Si la menace évolue, la police et la justice doivent s’adapter. Dans cette optique, le gouvernement lance une nouvelle trajectoire de réforme. Pour que les moyens supplémentaires injectés soient encore plus rentables, qu’ils améliorent la protection du citoyen et le service. Je ne prendrai qu’un exemple : notre pays compte 225 bâtiments judiciaires, les Pays-Bas en comptent 25, soit 200 de moins ! Si nous voulons que les nouveaux investissements soient rentables, nous devons oser rationaliser", a expliqué le Premier ministre.

Alexander De Croo a aussi plaidé en faveur de davantage de fusions des zones de police. "Au cours des vingt dernières années, le nombre de zones de police est passé de 196 à 185, ce processus s’est déroulé sur une base volontaire. Ce gouvernement va continuer à miser sur ce volontarisme, mais les fusions doivent être plus nombreuses", a estimé le Premier ministre.

Le débat parlementaire sur cette déclaration et sur le budget aura lieu ce mercredi 12 octobre à partir de 10h. Le vote de confiance est prévu jeudi à partir de 15h10.

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