Les chiffres du budget belge sont mauvais, très mauvais. Notre déficit risque bien d’être le pire en Europe en 2023. Une situation qui pourrait encore s’aggraver, c’est ce que laisse penser une grosse gaffe d’Eva de Bleecker (VLD), la secrétaire d’État chargée du budget.
Le pire et le certain
Bien que le pire n’est jamais certain, il est parfois très probable. Le budget belge affiche un déficit très important, un des plus important de la zone euro, c’est connu. Est-ce que ça pourrait être pire ? Oui, nous apprend Eva De Bleecker, la secrétaire d’État au Budget. À la Commission européenne, elle a fourni le chiffre de 33,5 milliards de déficit. Au parlement, elle donne un chiffre de 35 milliards, soit 1,5 de différence. Une paille.
La N-VA a soulevé ce lièvre, exigeant aujourd’hui une réunion en urgence de la commission finance. Explication : Eva De Bleecker aurait comptabilisé dans le budget la baisse de la TVA sur le gaz et l’électricité, alors qu’elle ne devait pas le faire. Alexander de Croo est rentré dans le plumage d’Eva De Bleecker et lui a demandé de corriger son erreur. Crime de lèse-majesté, elle a affaibli le gouvernement, son parti et son Premier ministre face à l’opposition et ses partenaires européens. Le Standaard écrit ce matin "Ze lijkt op weg naar de uitgang". Elle pourrait ne pas survivre à cette bourde, elle qui avait déjà fait un "j’ai glissé chef" en publiant durant quelques heures le prix secret des vaccins négocié par l’Union européenne en pleine crise Covid.
Tort d’avoir raison ?
Est-ce qu’Eva de Bleecker à tort de dire la vérité ? Comme pour le prix des vaccins, on ne peut pas lui reprocher de mentir, ou de se tromper. Ce qui lui est reproché c’est de mettre le gouvernement en difficulté. Ici au niveau budget, cette baisse de la TVA a bien été décidée, mais le gouvernement ne l’inscrit pas au budget car la facture finale dépend d’autres paramètres : une réforme des accises, le prix du gaz et de l’électricité l’année prochaine.
Quoi qu’il en soit, cette bourde place la Belgique sous les projecteurs européens. Car avec un déficit de 5,8%, en 2023 nous sommes le pire élève de l’Union européenne. Si, comme Eva de Bleecker, on provisionne large pour la baisse de la TVA, ce sera encore plus.
La Belgique, nouvelle Grèce ?
Voilà qui vient renforcer le narratif de la N-VA qui dit partout que la Belgique est la nouvelle Grèce de l’Europe et qu’on va tomber en faillite. La comparaison avec la Grèce reste problématique car la Grèce avait maquillé et manipulé ses comptes pour tromper ses partenaires européens. Le système fiscal déficient, la faiblesse de l’État, le niveau de dette n’est pas comparable.
Mais Bart de Wever à raison sur le fait que comme la Grèce a l’époque nous sommes la lanterne rouge en matière de déficit. Et que ça se voit. C’est Belfius qui hésite à prêter comme avant à la Wallonie, c’est la Cour des comptes qui refuse de valider les comptes de la région wallonne et de la fédération à cause je cite "d’anomalie significative". C’est la Commission européenne qui va, une nouvelle fois sermonner la Belgique. C’est dans l’Echo et de Tijdt ce matin.
La Belgique est entrée dans la crise du covid avec un déficit primaire dégradé hérité du tax shift largement non financé du gouvernement Michel. Elle est sortie du Covid avec un déficit encore plus important hérité du quoi qu’il en coûte. Les aides décidées durant la crise covid et la crise de l’énergie n’étaient pas assez ciblées, que ce soit pour les particuliers ou les entreprises, il y a eu des effets d’aubaines et des gaspillages évidents. Cette absence de ciblage est le prix des compromis entre aile gauche et aile droite du gouvernement. Ce prix du compromis se paye en déficit et en dette. Quand les taux étaient bas, ce prix n’était pas trop élevé, maintenant il commence à monter. Et même si le pire n’est jamais certain, il est fort probable que ça ne soit que le début.