"Ceci n’est pas un budget 2023 en équilibre", serait-on tenté d’écrire. Car si le budget de la Ville de Namur présenté au conseil communal de ce mardi 20 décembre a bien l’apparence d’un exercice à l’équilibre – le total des recettes ordinaires est même légèrement supérieur de 172 mille euros à celui des dépenses —, c’est sans compter que pour parvenir à cet équilibre financier, la ville recourt à un solide coup de pouce : un prêt de 40 millions d’euros octroyés dans le cadre du Plan Oxygène du gouvernement wallon. Cela signifie que même si la formule est intéressante puisque la région prend en charge 15% du capital et les intérêts jusqu’en 2042, la ville devra rembourser.
40 millions du plan oxygène
Une sorte de rustine, donc. Un "traitement palliatif aux nombreux effets secondaires à long terme", dit le Bourgmestre Maxime Prévot qui parle de "boni virtuel". "Les villes et communes de Wallonie n’ont pas d’autres alternatives", déplore-t-il. On notera toutefois que sur ces 40 millions, seuls 10 serviront à immédiatement combler le déficit. Les 30 autres sont notés dans les dépenses à titre de provisions.
Déficit de 10 millions
Pour le dire autrement, sans ce plan oxygène, le budget 2023 de Namur afficherait un déficit de plus de 10 millions d’euros. Et ce n’est pas loin en soi d’être déjà un exploit, au regard des fortes pressions qui pèsent sur les dépenses.
Ainsi, les dépenses en personnel connaissent, à elles seules, une augmentation de plus de 10 millions d’euros par rapport à 2022, en grande partie en raison des indexations salariales successives. Les charges de fonctionnement aussi pèsent plus lourd de 3,4 millions d’euros à cause des prix de l’énergie. Et ce n’est pas tout, les dotations au CPAS, à la zone de police et à la zone de secours aussi s’envolent (+ 9 millions), à cause de l’inflation, de l’indexation des salaires, mais également "en raison d’un sous-financement chronique du fédéral qui n’assume pas ses responsabilités en la matière depuis de trop nombreuses années", d’après le bourgmestre.
Des subsides réduits
Et encore, ce "déficit réel" de 10 millions d’euros aurait plutôt tourné autour des 15 ou 16 millions… Si une perception exceptionnelle (!) de 14 mois de recettes des additionnels liés à l’Impôt sur les personnes physiques n’était pas venue adoucir les comptes.
La Ville a aussi voulu limiter certaines dépenses de subsides. "Pas de gaieté de cœur", évidemment", précise Maxime Prévot. Ainsi, des associations et entités paracommunales comme l’Office du Tourisme de Namur, Namur Europe Wallonie, ou encore NamurCentreVille recevront 10% d’aides en moins. La SONEFA (les crèches communales), 5%. Et les subsides thématiques globaux (jeunesse, sport, culture, environnement…) seront réduits de 20%. La Ville insiste : aucun subside pour le secteur associatif actif dans le domaine social et la grande précarité ne sera raboté.
Taxe sur les carrières, revenus cadastraux ajustés
Enfin, le Collègue de la Ville de Namur table aussi sur quelques recettes en hausse grâce à la taxe sur l'exploitation des carrières, grâce aussi à la Scan Car, et à un réajustement des revenus cadastraux.
En ce qui concerne le programme d'investissement, donc le budget extraordinaire, pour l'instant, pas de changement: le collège maintient le cap qu'il s'était fixé en début de législature.
PS et PTB regrettent les choix politiques
Si, en conclusion, le Bourgmestre parle d’un budget 2023 responsable, l’opposition reconnaît volontiers que la tâche était ardue et que le recours au plan oxygène était inévitable. Le PS, par la voix de son chef de groupe Fabian Martin, salue la bouffée d'oxygène de l'instance régionale 'qui apporte la manne nécessaire pour sortir la tête hors de l'eau', mais regrette quand même certains choix effectués, comme "les coupes sombres dans des subsides d'associations qui offrent des services essentiels à la population, spécifiquement aux jeunes et aux enfants".
Le PTB, pour sa part, regrette que "l’endettement de la Ville dépasse de 10 millions le plafond qu’elle s’était elle-même fixé", et aussi certains choix politiques comme l’indexation de la taxe sur les égouts ou au contraire l’absence de taxes sur les bureaux, les piscines privées et les terrains de tennis privés. PS et PTB constatent que le Ville ne réduit pas les subsides pour l’aide à la grande précarité, mais estiment qu'il aurait fallu les augmenter pour faire face à l’inflation galopante.