Economie

Budget wallon : les différentes réactions, l'opposition dénonce un "enfumage total" et une "insulte aux travailleurs"

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L'opposition wallonne n'avait pas de mots assez durs, vendredi, pour évoquer le budget 2023 présenté plus tôt dans l'après-midi par le gouvernement Di Rupo.

On parle d'une aide de 1000 euros pour faire face à une facture de 10.000 euros

"C'est de l'enfumage total. Aucun chiffre n'a été communiqué", a ainsi réagi le chef de groupe des Engagés au parlement wallon, François Desquesnes. "Oui, il y a bien une aide pour les entreprises, mais elle est minime par rapport à la détresse dans laquelle se trouvent les boulangers, les bouchers, les artisans... On parle d'une aide de 1000 euros pour faire face à une facture de 10.000 euros et d'un mécanisme qui n'entrera en vigueur au plus tôt qu'en janvier", a-t-il souligné.

Et pour les citoyens, "rien, nada, schnol". "Aucune aide n'a été décidée alors que 20% de la facture d'électricité dépend de la Wallonie. Ça continue à être de la non-assistance à personne en danger", a-t-il ajouté en se félicitant tout de même de l'enveloppe de 95 millions d'euros pour 2022 et 2023 obtenue pour l'indexation du secteur non-marchand. "Nous le demandions depuis des mois. C'est une grande victoire!" Mais pour le reste, "à la grande bouffée d'oxygène attendue par les citoyens et les entreprises, le gouvernement wallon préfère l'apnée, le temps que ça passe", a-t-il conclu.

Une insulte pour la classe travailleuse

"La priorité du gouvernement est claire: rassurer les marchés. Pour les ménages, par contre, on a aucune mesure pour les aider à payer leurs factures d'énergie. Le reste, ce sont des non-mesures", a de son côté déploré le chef de file du PTB au parlement régional, Germain Mugemangango. 

"Le ministre wallon de l'Energie, Philippe Henry a annoncé demander de l'aide aux gestionnaires de réseaux de distribution d'énergie (GRD)... Ça fait des mois que le PTB demande de s'attaquer à leurs bénéfices pour baisser les factures des ménages. C'est bien que ça avance, mais on est plus au stade où il faut demander. Il faut exiger et mettre en place", a-t-il poursuivi.

Quant aux aides aux entreprises, "ce sont surtout les grandes entreprises qui seront aidées, tandis que les indépendants auront des miettes", a encore regretté le chef de groupe de l'extrême gauche. "Ce dont on a besoin, ce sont des mesures ciblées pour les boulangers, pour l'épicier du coin. Avec 44 milliards de bénéfices en 3 ans, Total, qui pourra également bénéficier des mesures, n'a pas besoin d'aide."

"Cette conférence de presse était une insulte pour la classe travailleuse qui attend des mesures fortes depuis trop longtemps", a-t-il enfin estimé.

"Bien mais peut mieux faire", pour l'UCM; le SNI "plutôt satisfait"

Les mesures d'aide aux indépendants et PME décidées par le gouvernement wallon dans le cadre de son budget 2023 représentent "un début de réponse, pas la solution globale", a réagi l'UCM, rappelant que de nombreuses PME et indépendants peinent à faire face à la crise énergétique.

"Les dispositifs annoncés ne s'adressent malheureusement pas à tout le monde, car les surcoûts ne sont pas entièrement pris en charge", regrette l'Union des classes moyennes, qui se dit toutefois consciente que "personne n'a de baguette magique".

L'UCM demande en outre à l'administration wallonne de faire en sorte que l'octroi des aides aux entreprises se fasse de la manière la plus légère et fluide possible. "Les aides doivent parvenir aux PME, en grande difficulté", insiste l'organisation de classes moyennes.

L'UCM rappelle en outre sa demande d'un moratoire énergétique.

De son côté, le Syndicat neutre pour indépendants s'est dit "plutôt satisfait" des aides prévues." Les critères généraux pour l'octroi des aides, à savoir un doublement de la facture énergétique sur un trimestre et une facture sur base annuelle d'au moins 7.500 euros, sont raisonnables et devraient permettre à un grand nombre d'entreprises et d'indépendants qui souffrent d'y avoir accès", estime le secrétaire général Wallonie-Bruxelles du SNI, Christophe Wambersie. 

"Au vu de la situation de beaucoup d'indépendants et PME, nous aurions évidemment souhaité des interventions trimestrielles plus conséquentes qu'un maximum de 35% au-dessus du doublement de la facture initiale", regrette néanmoins le SNI.

A l'instar de l'UCM, l'organisation de défense des indépendants et des PME insiste pour que ces aides soient rapidement versées.

L'UWE salue "des avancées sur les aides" mais s'inquiète pour le budget

L'Union wallonne des entreprises (UWE) et ses fédérations "accueillent positivement" les mesures décidées par le gouvernement wallon en matière d'énergie et qui contribueront à réduire les difficultés des indépendants et des entreprises.

"Compte tenu de l'urgence, l'efficacité des mécanismes de liquidation des aides sera déterminante. L'UWE attend également du fédéral et de l'Europe des gestes forts en la matière", souligne-t-on dans un communiqué.

L'organisation patronale n'en nourrit pas moins une série d'inquiétudes, notamment par rapport à l'état des finances publiques wallonnes.

"L'effort est réel et les aides sont appréciées, mais la dette aurait pu être réduite encore bien davantage en diminuant de manière drastique les moyens affectés aux projets non prioritaires du plan de relance. Il est également regrettable que les projets prioritaires aient pris autant de retard et que leur budget global soit en conséquence amputé", estime l'administrateur délégué de l'UWE, Olivier de Wasseige.

Sur le même thème : Extrait JT (07/10/2022)

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