Tendances Première

Burn-out : la médecine fonctionnelle et nutritionnelle peut-elle apporter une aide supplémentaire ?

Tendances Première : Le Dossier

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Par Nadine Wergifosse via

Beaucoup d’idées reçues circulent à propos de l’épuisement et du burn-out. La vision essentiellement mise en avant est celle du psychologique, mais ne serait-il pas intéressant de se pencher aussi sur les aspects physiologiques ? La médecine fonctionnelle et nutritionnelle qui amène une approche complémentaire à la médecine traditionnelle, peut-elle apporter des outils supplémentaires ? Cathy Assenheim, neuropsychologue, auteure et conférencière, et le Dr Brian Hoang, médecin généraliste, spécialiste en nutrithérapie, y ont répondu dans Tendances Première.

Pour Cathy Assenheim, "on ne tient pas assez compte que le burn-out est une vraie maladie". Le corps lâche, il y a épuisement nerveux et hormonal mais la neuropsychologue insiste sur le fait que "c’est l’adaptation au niveau physiologique qui lâche au fur et à mesure et qui a raison de nos ressources, même s’il y a des causes et des conséquences psychologiques à creuser".

Selon elle, il existe trois grands stades dans l’épuisement :

  • Le stade du surmenage où le système nerveux se dérègle pour tenir debout.
  • Le stade où "la béquille nerveuse" commence à lâcher avec le système de récupération qui devient de moins en moins efficace et une série de symptômes apparaît.
  • Le stade du burn-out proprement dit où le système nerveux s’effondre et entraîne une multitude de dérèglements hormonaux.

Distinguer le burn-in du burn-out

Pour le Dr Brian Hoang qui pratique la médecine fonctionnelle, prendre le patient dans sa globalité en tenant compte du contexte dans lequel il vit est essentiel.

Il distingue le burn-in où la personne se surinvestit avec la pression sociale et le jugement potentiel des autres. Un burn-in qui selon lui s’est aggravé depuis le covid, avec le télétravail qui rend flou les frontières entre travail et vie personnelle.

Il y a ensuite le burn-out, où les paramètres du corps tel le cortisol et d’autres, signalent le dérèglement profond. L’idée est de retrouver un équilibre de ces paramètres qui soit adapté au patient. Selon Cathy Assenheim, beaucoup de médecins généralistes, plein de bonne volonté, mettent la personne en arrêt sans trop connaître les différents paramètres du corps à tester comme l’analyse de la fonction surrénalienne qui sera effectuée idéalement via plusieurs tests salivaires tout au long d’une journée. Les surrénales sont les glandes qui gèrent nos capacités d’adaptation. Au plus on avance dans l’épuisement, au plus elles sont mises à mal et risquent de s’écrouler.

© Getty Images

Vision globale pour savoir ce que l’on fait, quand et comment ?

La médecine fonctionnelle va dans un premier temps regarder les hormones liées à la récupération, la glycémie, la thyroïde, le taux de fer… Via des tests bien ciblés qui sont remboursés. Il est bon à savoir que le test salivaire pour connaître le taux de cortisol ne l’est pas (encore).

Cathy Assenheim précise que la médecine fonctionnelle procède par étapes et s’adapte en tenant compte du budget, du travail et de la situation globale de la personneAu niveau physiologique, il y a prise en compte de tous les symptômes, les carences en vitamines et sels minéraux en distinguant l’essentiel à régler dans l’immédiat, via une complémentation ou par la prise d’aliments adaptés au problème. Le sucre en excès, qui fatigue les surrénales, doit être régulé. Les plantes adaptogènes qui sont des régulateurs de cortisol peuvent aider pour des stades petits à modérés et si le problème est trop profond, il y a les hormones chimiques. Il y a toujours à distinguer le préventif du curatif, autant d’un point de vue physiologique que psychologique en fonction du stade de l’épuisement.

Se remettre à flot en combien de temps ?

Cathy Assenheim explique : "À un stade modéré, réparer les surrénales, si c’est bien pris en charge c’est trois mois. Dans les stades avérés, c’est plutôt six mois. Ce n’est jamais des années complètes et si c’est le cas, c’est que les patients n’ont pas été pris en charge de façon physiologique".

Vient ensuite le stade de la stabilisation, où l’on réinvestit les ressources de façon progressive pour qu’il n’y ait pas de rechute : alimentation, sommeil, travail modéré, une aide psy… "La piste physiologique est un outil de base en termes de priorité, avec autour d’autres outils pour éviter les rechutes. Il faut distinguer la crise de la phase de stabilisation et arrivé là, il faut une approche globale et intégrative de tous les intervenants".

Pour le Dr Brian Hoang : "La base c’est de restaurer le corps qui a lâché. Il faut y aller par étapes. Le traitement de fond d’abord puis progressivement accompagner le patient dans des changements alimentaires et dans le mode de vie, des habitudes au travail…"

© iStock / Getty Images Plus

Les signaux d’alerte pour éviter la rechute

"La phase où cela lâche par parties peut durer des années, cela dépend de la capacité d’adaptation génétique de chacun. Souvent, on ne la voit pas venir, on la voit quand on s’écroule. L’idée que tout est lié au travail est fausse. Cela se révèle souvent là, mais il y a souvent une multitude de facteurs qui ont fait que nos capacités d’adaptation se sont écroulées. Après un burn-out, je donne à mes patients une liste des signaux d’alerte" précise la neuropsychologue.

En cas de signaux d'alerte, veillez tout d'abord à consulter votre médecin généraliste en lui demandant s’il est formé à cette approche ou de vous informer des relais existants dans votre région. Sur le site www.emcare.be, on peut y trouver des conseils ainsi qu’une liste de médecins qui accompagnent le burn-out (onglet formulaire contact-Réseau de professionnels).

Découvrez l’intégralité de cette émission dans le podcast de Tendances Première ci-dessus, et toutes les autres séquences sur Auvio.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous