Belgique

Cache ouvrable via une application ou une connexion de câbles : voici comment les trafiquants dissimulent de la drogue dans leurs voitures

108 caches aménagées dans des véhicules ont été découvertes en 2021.

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En Belgique comme à l’étranger, les forces de l’ordre découvrent de plus en plus souvent des caches aménagées dans les véhicules des criminels. Cette semaine encore, des enquêteurs belges de la police judiciaire ont mis la main sur deux véhicules. Le phénomène fait l’objet d’une attention accrue depuis 2018, à la suite de constatations réalisées à Anvers.

Le rapport annuel 2021 de la police fédérale recense 108 caches découvertes dans des véhicules. Certains espaces sont aménagés avec un soin tout particulier par les malfaiteurs et leurs complices.

Illustration ce mercredi sur le parking d’un centre de formation de la police à Asse, au nord de Bruxelles. Huit véhicules saisis à des trafiquants et à des dealers sont inspectés par des policiers, des douaniers et des agents de liaison d’une dizaine de pays (Pays-Bas, Allemagne, France, Luxembourg, Espagne, Grande-Bretagne, République tchèque, Suède, Nouvelle-Zélande).

Des véhicules de différents types et de différentes marques saisis parce qu’ils renfermaient des espaces cachés pour des stupéfiants.
Des véhicules de différents types et de différentes marques saisis parce qu’ils renfermaient des espaces cachés pour des stupéfiants. © Tous droits réservés

Une petite voiture noire et sale, immatriculée aux Pays-Bas, retient l’attention. A côté d’une berline de luxe et d’un SUV rutilant également saisis en Belgique, la citadine ne paye pas de mine. Mais la technologie embarquée permettait à un dealer de charger et de livrer d’importantes quantités de drogue.

Bart Vertessen, policier belge spécialisé dans la découverte de caches, dévoile les dessous de cette trouvaille : "Lors de l’inspection approfondie du véhicule, nous avons découvert un smartphone muni d’une application inconnue. Pour ouvrir l’espace caché situé dans le tableau de bord, il fallait faire démarrer le véhicule, allumer le feu antibrouillard arrière et activer cette application."

Impossible à détecter lors d’un contrôle de routine

De l’autre côté du parking, Peter, lui aussi policier fédéral, s’affaire autour d’une camionnette blanche. Sa main droite glissée dans une paroi latérale du véhicule connecte deux fils bien dissimulés. Connexion faite, une partie du sol de la camionnette se soulève, laissant apparaître les caches.

Manifestement étonné par l’ingéniosité et la discrétion du dispositif, un douanier luxembourgeois avance qu’on ne le détecterait jamais "lors d’un contrôle de routine, camionnette remplie, sans aucun indice préalable".

 

En effet, la plupart des caches passent sous les radars. "Nous avons découvert ce phénomène en 2018", rappelait récemment Bart Vertessen dans une publication interne à la police. Le premier inspecteur à la direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée (DJSOC) rapporte que "les collègues sur le terrain nous expliquaient, par exemple, que lors d’actions de contrôle, leur chien renifleur de drogue signalait que quelque chose se trouvait à bord du véhicule mais qu’ils ne parvenaient pas à trouver quoi que ce soit".

La trappe au sol de la camionnette s’ouvre grâce à un dispositif électrique camouflé.
La trappe au sol de la camionnette s’ouvre grâce à un dispositif électrique camouflé. © Tous droits réservés

Depuis lors, le policier belge a mis en place un réseau d’experts internationaux. Ces spécialistes se réunissent, comme c’était le cas mercredi en Belgique, pour partager leurs expériences et leurs informations. Cette initiative de coopération policière internationale a été récompensée par les CPL Awards, prix décerné par le réseau professionnel des cadres supérieurs de la police belge.

Les échanges entre experts permettent d’identifier plus rapidement les trucs et astuces des criminels. Et de cerner les nouvelles tendances. "Nous voyons maintenant apparaître des espaces cachés hybrides", révèle Bart Vertessen. "C’est-à-dire des caches aménagées dans des éléments qui peuvent être déplacés d’un véhicule à une autre, comme un siège ou une banquette arrière".

Drogue, argent, armes, …

Dans les cachettes, les forces de l’ordre retrouvent la plupart du temps de la drogue ou de l’argent sale ; parfois des armes, des documents ou des bijoux.

Certaines enquêtes mènent aux Pays-Bas et remontent jusqu’aux garagistes des malfaiteurs. "Des investigations ont permis d’identifier des personnes en lien avec les criminels, comme des pères ou des grands-pères de trafiquants utilisés pour leurs compétences en mécanique et en électricité. Eux-mêmes n’étaient pas connus comme faisant partie du milieu criminel", explique Bart Vertessen. Il peut aussi s’agir de garagistes véreux. "Mais pas dans des entreprises reconnues", précise le policier.

L’équipe "drogues" de la DJSOC a développé une application mobile pour les policiers de terrain. Cette application répertorie les espaces possiblement aménagés en caches par marque et modèle de véhicule. Une formation de 4 heures est aussi dispensée à l’académie et dans les écoles de police. 1 700 policiers belges ont ainsi été initiés à la détection des espaces cachés dans les véhicules.

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