Campagne radon :"On a eu des pics à 18.000 becquerels, mais le problème a été résolu facilement"

Le schiste affleure dans le sous-sol de certaines maisons, comme ici à Villers-la-Ville

© S. Vandreck

Jusqu’à fin décembre, il vous est proposé, par l’intermédiaire de votre province, d’acheter pour quinze euros un détecteur de radon à placer dans votre habitation. Le radon est un gaz radioactif, naturellement présent dans le sol, et en particulier dans les communes construites sur du schiste. Quand il est respiré à haute dose et pendant de longues années, il est la deuxième cause du cancer du poumon chez nous, après la cigarette. Mais il est inodore et incolore et donc impossible à détecter sans un dispositif adéquat. "C’est hyper important de connaître le taux, en particulier dans les communes à risques, afin de pouvoir y remédier. Ce qui n’est pas très compliqué", insiste Nathalie Popovic, responsable du Service d’Analyses des Milieux Intérieurs (SAMI) en Brabant wallon.

Les limites largement dépassées

Ces communes à risques, ce sont celles où le schiste affleure, notamment en province de Luxembourg et en Brabant wallon. Quand ils ont acheté leur maison à Villers-la-Ville, Amaury et Juliette ont rapidement été informés par leur voisin du risque de présence de radon sous leur habitation. Ils ont donc commandé un détecteur lors d’une des dernières campagnes "radon". Amaury soulève une dalle dans la cuisine. En dessous, dans le vide technique creusé, on observe bien la roche. "C’est là qu’on a eu des pics en hiver à 18.000 becquerels (ndlr. l’unité de mesure du taux de radiation), alors que la limite acceptable dans les pièces de vie est de 600. On s’est vite dit que ça venait de là", raconte ce papa de deux jeunes enfants.

Extraire le radon du sol

Cette découverte n’a pas vraiment rassuré le couple, qui a aussitôt sollicité le SAMI pour trouver des conseils pour résoudre son problème. Car bien aérer ne suffit pas : "Quand on dépasse 600 becquerels par m³, il faut faire des travaux plus importants, comme l’installation d’un puisard. C’est-à-dire qu’on creuse un trou, par exemple dans le sol de la cave, et qu’on le connecte à un ventilateur", explique Nathalie Popovic. C’est ce qu’ont fait Amaury et Juliette. Ils ont créé une sorte de zone en dépression pour aspirer l’air du vide technique et le rejeter vers l’extérieur. "La zone de dépression créée attire tout le radon du sol, qui est envoyé vers l’extérieur par une pompe, un extracteur. Ça ne nous a pas coûté très cher, une nonantaine d’euros", témoigne Amaury. Ici, il n’a pas fallu creuser pour placer l’extracteur. Son seul inconvénient : le bruit. "Quand on est sur la terrasse en été, on le coupe. De toute façon, l’été, les taux sont moins importants", rappelle Juliette.

Une pompe pour extraire le radon du sol et l'évacuer vers l'extérieur
Une pompe pour extraire le radon du sol et l'évacuer vers l'extérieur © S. Vandreck

Dans les communes à risques, 10% des logements ont fait des mesures

Chez ce couple, une solution a été trouvée très simplement et rapidement. Dans d’autres habitations, il faut tâtonner davantage. "Cela prend parfois plusieurs années, car les gens font des petits travaux et se rendent compte l’hiver suivant, lorsqu’ils remesurent, que le taux de radon n’a pas suffisamment baissé. Il faut alors faire d’autres travaux. Ça peut donc prendre parfois deux ou trois ans pour trouver une solution, mais en règle générale, on y arrive", rassure Nathalie Popovic. Le recours à ces détecteurs, disponibles pour quinze euros, n’est pas encore systématique, même dans les zones les plus sujettes à la présence du radon. "En Brabant wallon, la mesure n’a encore été faite que dans 3,5% des logements. Dans les communes à risques, il y a près de 10% des logements qui l’ont faite". Cette campagne agit donc comme une piqûre de rappel.

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