Célébrer ou ne pas célébrer ? La fête nationale du Canada a été marquée jeudi par des manifestations et des appels à ce que les festivités soient annulées, dans un pays endeuillé par la découverte de plus d’un millier de tombes anonymes près d’anciens pensionnats pour autochtones.
La fête nationale, qui marque le 154e anniversaire de la Confédération canadienne, est ainsi teintée cette année d’une nuance orange, la couleur associée à l’hommage aux anciens pensionnaires autochtones, au lendemain de l’annonce de la découverte de 182 nouvelles sépultures près d’un ancien pensionnat en Colombie-Britannique.
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Cette découverte macabre s’ajoute aux 751 tombes anonymes mises au jour à Marieval en Saskatchewan dans l’ouest du pays, la semaine dernière, et aux 215 restes d’écoliers trouvés fin mai près d’un autre de ces établissements à Kamloops, en Colombie-Britannique.
Ces "horribles découvertes" ont encouragé les Canadiens "à réfléchir aux manquements historiques de notre pays et aux injustices qui persistent envers les peuples autochtones et beaucoup d’autres personnes au Canada", a déclaré jeudi le Premier ministre Justin Trudeau dans un communiqué.
"En tant que Canadiens, nous devons être honnêtes avec nous-mêmes au sujet de notre passé", a-t-il souligné.
Quelques jours après la découverte de Kamloops, le conseil municipal de Victoria, capitale de la Colombie-Britannique, avait voté à l’unanimité en faveur de l’annulation des célébrations virtuelles afin de réfléchir à "ce que signifie être Canadien à la lumière des événements récents et de ce que nous savons déjà de notre passé".
Quelque 150.000 enfants amérindiens, métis et inuits, enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans 139 pensionnats à travers le pays, ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture.
Joyeux jour du déni !
Nombre d’entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4000 y ont trouvé la mort, selon une commission d’enquête qui avait conclu à un véritable "génocide culturel" de la part du Canada.
Sur les réseaux sociaux, les appels au boycott se multipliaient ces derniers jours sous le hashtag #CancelCanadaDay.
Des rassemblements de protestation étaient organisés jeudi d’un bout à l’autre du pays, y compris dans l’Ouest canadien, en proie à une vague de chaleur inédite, notamment à Vancouver (Colombie-Britannique), Calgary (Alberta), mais aussi dans le centre du pays, à Winnipeg (Manitoba) et dans l’Est, à Toronto (Ontario) et au Québec.