Cannes 2023 : on prend les mêmes et on recommence

Le slogan de cette édition 2023 du Festival de Cannes pourrait être "Bienvenue au Club !". En effet, la sélection ressemble à une réunion de vétérans qui, d’année en année, ont leur nouveau film retenu en sélection officielle. A l’image du doyen britannique Ken Loach, déjà double lauréat de la Palme d’Or, et qui revient à 86 ans pour la 15e fois sur la Croisette. Il est loin d’être le seul : l’italien Nanni Moretti, l’allemand Wim Wenders, le japonais Kore-Eda : eux aussi ont déjà gagné une palme, eux aussi ont leur place parmi les 21 films en compétition.

En réalité, dans cette sélection, onze cinéastes ont dépassé la soixantaine, et les deux-tiers sont des habitués de la Croisette. D’où pourrait donc surgir la nouveauté dans cette sélection sans surprise ? Peut-être des femmes cinéastes – elles sont sept en lice, c’est un record – et certaines, comme la jeune Sénégalaise Ramata-Toulayé Sy, arrivent avec un premier long-métrage.

Par contre, en ce qui concerne les évènements hors compétition, là encore, le délégué général Thierry Frémaux n’a pas pris le moindre risque. Il a invité Martin Scorsese, 80 ans, à montrer son nouveau film-fleuve de plus de trois heures "Killers of the flower moon", et Harrison Ford, 80 ans lui aussi, à monter les marches pour faire la promotion du nouvel Indiana Jones.

Quant aux jeunes talents émergents, ils vont devoir se contenter de montrer leurs films dans des sections parallèles – "Un certain regard", "La quinzaine des cinéastes" – que l’on sait, hélas, beaucoup moins médiatisées.

A l’heure où le cinéma est à la croisée des chemins, menacé par la crise du pouvoir d’achat et la concurrence des plateformes, le Festival de Cannes semble de plus en plus fonctionner dans une bulle, en vase clos, déconnecté des réalités d’aujourd’hui. Ce faisant, il joue avec le feu…