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Canonisation : comment devient-on "saint" ?

Canonisation : comment devient-on "saint" ?

© AFP

Le pape François a proclamé "saints" dimanche dix figures de l’Eglise, dont l’ermite du désert Charles de Foucauld, devant des milliers de fidèles du monde entier réunis sur la place Saint-Pierre à Rome.

Le procès en béatification de Charles de Foucauld, mort assassiné en 1916 à Tamanrasset, dans le Sud désertique algérien, avait commencé dans les années 1930. Il avait été déclaré "bienheureux" en 2005 par le pape Benoît XVI. Après la guérison d’un cancer en 1984, un deuxième miracle a été attribué à Charles de Foucauld par le Vatican : l’histoire insolite d’un jeune charpentier de Saumur (centre de la France), qui survit en 2016 à une chute de 15 mètres sur un banc, malgré un abdomen transpercé.

Depuis le 13 octobre 2019, aucune messe avec rite de canonisation n’avait eu lieu à Rome, en raison de la pandémie de coronavirus. Cet évènement est l’occasion de revenir sur ce rite si particulier.

La canonisation, c’est quoi ?

La canonisation consiste à faire d’un homme ou d’une femme catholique un "saint", c’est-à-dire un exemple de sainteté et de vertus pour les fidèles. Il s’agit de mettre en exergue un personnage de l’histoire correspondant aux valeurs de l’Église.

Elle requiert trois conditions :

  • être mort depuis cinq ans au moins
  • avoir mené une vie chrétienne exemplaire
  • avoir accompli au moins deux miracles

La canonisation succède à la béatification, qui est une étape intermédiaire reconnaissant l’exemplarité d’une personne à l’échelle d’une cité ou d’un diocèse. La béatification nécessite de ne prouver qu’un seul miracle.

Quelles sont les étapes de la canonisation ?

Tout commence à l’échelle locale. Des fidèles doivent manifester leur désir de voir celui ou celle qu’ils vénèrent devenir "saint". Tout fidèle catholique est susceptible d’être un jour considéré comme "saint". Cette première demande est transmise à l’évêque du diocèse local qui va nommer un "postulateur". Il sera chargé de mener l’enquête, qui peut prendre plusieurs années. Cet enquêteur doit avoir un diplôme en théologie, histoire ou droit canonique. C’est un peu comme l’avocat de la personne à canoniser. Il doit vérifier la probité et les mérites du candidat.

Durant son enquête, le "postulateur" doit tenter de prouver l’exemplarité de la personne sur la base des vertus et des valeurs de l’Église. Des témoignages sont recueillis, des documents sont rassemblés : ce que le candidat a écrit ou ce qui a été publié sur lui.

Une fois l’enquête terminée, une "positio" est rédigée. Il s’agit d’une sorte de synthèse pouvant faire plusieurs milliers de pages rassemblant les éléments de l’enquête. Une fois rédigée, la "positio" est envoyée au Vatican pour examen. Elle passe par la Congrégation pour les causes des saints qui vérifient l’authenticité des témoignages et des documents. Parfois, il arrive que des compléments d’enquête soient demandés. Ainsi, les dossiers repartent parfois dans les diocèses.

Après délibération, la Congrégation se prononce par des votes à propos du martyre, des vertus chrétiennes et des miracles. S’ils sont positifs, des décrets reconnaissant la réalité des éléments sont rédigés. Le dossier est alors remis au Pape à qui revient l’ultime décision.

Comment les candidats sont-ils choisis ?

Les béatifications et canonisation ne sont pas rares. Depuis son élection en 2013, le pape François a déjà proclamé des centaines de "saints".

Entre 2000 et 3000 dossiers sont actuellement ouverts. Le Vatican est censé analyser tous les dossiers, sur base des mêmes critères. Néanmoins, certains dossiers passeraient en priorité, comme ce fut le cas pour Mère-Teresa.

Pour qu’une enquête de canonisation démarre, il faut énormément de communication pour faire connaître la vie du candidat. La concurrence est rude. Il faut aussi arriver à récolter suffisamment d’argent pour financer la longue enquête.

A quoi sert une canonisation ?

La canonisation permet à l’Église d’ériger des modèles de vertus afin qu’ils servent d’exemple pour les fidèles. Plus concrètement, la béatification puis la canonisation permettent l’attribution d’un jour de célébration au calendrier liturgique, et la vénération et les prières destinées au "bienheureux" ou au "saint".

La canonisation permet aussi d’attirer des pèlerins près des lieux de vie et de mort des nouveaux "saints". Pour l’Église, ces recueillements sont l’occasion de récolter de l’argent via des dons ou encore via la vente d’objets, comme des cierges. Par ailleurs, ces retombées financières dépassent largement le cadre de l’Église : hôtellerie, restauration, commerces etc. Toute l’économie locale bénéficie généralement de la venue des pèlerins.

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