Jupiler Pro League

Carl Hoefkens, l’enfer est pavé de bonnes intentions

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En perdant deux nouveaux points contre OHL lundi, les joueurs du Club de Bruges ont condamné leur entraîneur, Carl Hoefkens. Déjà sur la sellette avant cette rencontre, l’ancien Diable rouge s'est fait licencier par sa direction ce mercredi matin. Un départ précipité alors qu’il était encore au sommet de la gloire il y a moins de deux mois. Foutu ascenseur émotionnel…

La colère est retombée. L’espace de quelques instants. En tout cas, Carl Hoefkens, regard acéré, donne l’impression d’avoir repris ses esprits. Assis en conférence de presse face à une meute de journalistes, il n’élude pas la moindre question. Ce n’est pas le genre de la maison, voyons.

En fin tacticien qu’il est, il analyse cette fin de rencontre bâclée face à OHL. Un match que Bruges aurait dû gagner, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Que Bruges aurait même sans doute gagné haut la main il y a de cela quelques semaines. Quand tout allait bien, quand la Venise du Nord baignait dans une douce euphorie.

Au lieu de cela, Nachon Nsingi est venu climatiser le Jan-Breydel aux confins du temps additionnel. Deux partages avant la trêve, autant de défaites en amicaux, une lourde élimination en Crocky Cup et désormais un faux pas en championnat, n’en jetez plus, la Coupe est pleine.

Carl Hoefkens en est conscient, lui aussi. Pourtant, on l’a dit, aucun de ses gestes ne trahit la nervosité qui l’envahit sans doute intérieurement. Cette même nervosité qui avait été bien plus palpable au coup de sifflet final où le coach belge avait accumulé les jurons et les gestes d’humeur en bord de touche. “En 2e mi-temps, on sent bien qu’on est en panne de confiance. On a les opportunités mais on ne marque pas. J’ai pourtant vu le Bruges que je veux voir” explique-t-il dans des propos retranscrits par HLN.

C’est d’ailleurs peut-être ça le plus frustrant pour le jeune coach qu’il est. Dans le jeu, Bruges était loin d’être scandaleux contre Louvain, au contraire même. Les Blauw&Zwart se sont créés une pelletée d’occasions (20 tirs, 7 cadrés). Sauf qu’ils n’ont jamais su les mettre au fond, jouant maladroitement avec leur bonheur.

Un manque de réalisme, qui contraste évidemment avec le début de saison, que n’ont pas manqué de souligner les supporters massés en tribunes. Selon la Gazet Van Antwerpen, les plus véhéments se sont même frayé un passage vers les vestiaires pour apostropher leur coach d’éloquents "Hoefkens buiten."

D’une qualif' européenne à un licenciement probable : brutal retour sur terre

Alors, qu’est ce qui cloche avec ce Club de Bruges ? Difficile à dire. Difficile à expliquer comment cette équipe a pu passer de révélation européenne à… club sous haute tension en l’espace de deux mois. Rappelons que le 12 octobre dernier, les Brugeois validaient leur qualification pour les 8e de finale de la Ligue des Champions, ponctuant ainsi un run historique pour le football belge. Si proche et en même temps si lointain.

“On était au sommet du monde” se remémore Carl Hoefkens, peut-être déjà un peu nostalgique. “On était tellement fiers. En une semaine, on avait partagé contre l’Atletico et battu Anderlecht. C’était fantastique. Mais bon, je m’en fous de comment on voit le club depuis l’extérieur. Ce qui m’importe, c’est comment on réagit en interne. Mon sort ne dépend plus vraiment de moi mais d’autres personnes.”

D’autres personnes dont il ne mentionne évidemment pas le nom. Syndrome Voldemort. Comprenez donc Vincent Mannaert et Bart Verhaeghe, les deux hommes forts du Club de Bruges, qu’on a vu faire la moue après le coup de sifflet final, et qui ont donc décidé de sévir ce mercredi en se séparant de leur coach.

Après 27 petites rencontres à la barre des Brugeois, Hoefkens prend donc déjà la porte. Il emmènera avec lui cette formidable épopée (qui n’est pas terminée) en Ligue des Champions et certains choix forts. C’est lui qui avait notamment exclu Noa Lang, Roman Yaremchuk ou plus récemment Andreas Skov Olsen de sa sélection, se privant ainsi volontairement de précieuses cartouches pour le bien du groupe.

La reprise difficile, l’élimination cataclysmique en Coupe de Belgique (défaite 1-4 contre Saint-Trond) et cette fâcheuse tyrannie de l’instant propre au football, auront donc eu raison de lui. Malgré de vraies bonnes intentions. Mais bon, il paraît que l’enfer en est pavé de bonnes intentions…

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