Carles Puigdemont arrêté en Italie : pour le Premier ministre espagnol, l'indépendantiste doit "se soumettre à la justice"

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Par Lavinia Rotili avec agences

Ce jeudi soir, l’eurodéputé indépendantiste et ex-président catalan Carles Puigdemont a été arrêté en Italie. Il s’était rendu en Sardaigne, pour participer à un événement en qualité de député européen. Arrêté à l’aéroport d’Alghero jeudi soir, il se trouve actuellement en détention à Sassari en attendant de comparaître devant le juge "ce jeudi ou demain", affirme l’agence de presse italienne Ansa. Une information confirmée par son avocat.

Ce sont en effet les juges de la cour d’appel de Sassari qui devront s’exprimer sur sa libération ou sur son extradition, a confirmé sur Twitter son chef de cabinet, Josep Lluis Alay.

Entre-temps, le gouvernement espagnol s'est exprimé par la voix de son Premier Ministre, Pedro Sanchez lors d'une visite sur l'île de La Palma, aux Canaries, où un volcan est en éruption. Pour lui, l'indépendantiste catalan "doit comparaître et se soumettre à la justice".

Le dirigeant socialiste, qui a fait de l'apaisement en Catalogne l'une de ses priorités, a par ailleurs voulu "revendiquer le dialogue" avec la région "aujourd'hui, plus que jamais".

Pourtant, l’actuel président de Catalogne Pere Aragonès, un séparatiste, il faut en finir avec "la persécution et cette répression judiciaire", a-t-il twitté. Il prône l’amnistie et l’autodétermination. La détention de Carles Puigdemont "n'aide pas à résoudre le conflit" en Catalogne, a mis en garde Aragonès. 

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Souvenez-vous, la justice espagnole reproche à Carles Puigdemont d’avoir organisé un référendum illégal sur l’indépendance de la Catalogne en 2017. C’est sur base d’un mandat d’arrêt européen d’octobre 2019 que l’indépendantiste a été arrêté en Italie.

En mars dernier, le Parlement européen avait levé son immunité parlementaire, une décision confirmée par le tribunal de l’UE fin juillet. La mesure fait toutefois l’objet d’un recours dont le jugement définitif devrait être prononcé "à une date ultérieure". Selon l’interprétation de l’avocat de M. Puigdemont, Gonzalo Boye, la décision du Parlement est donc "suspendue".

Me Christophe Marchand, l’avocat de Carles Puigdemont à Bruxelles, embraie dans le même sens : l’indépendantiste ne pouvait pas être arrêté. "L’immunité a été levée par le Parlement mais nous avons introduit un recours et la procédure veut que pendant l’examen du recours, cette immunité perdure. Ce n’est pas nous qui le disons, mais la Cour. Et l’Espagne avait déclaré qu’elle ne mettrait pas à exécution le mandat d’arrêt pendant que la procédure était en cours", a-t-il déclaré aux micros de Matin Première.

Pour l’avocat, cette arrestation est alors "une surprise totale" : "Selon le droit de l’Union européenne, Carles Puigdemont ne peut pas être arrêté pour le moment, où qu’il aille en Europe", a encore martelé son avocat.

Même constat chez son autre avocat belge, Simon Bekaert. A la VRT, il a affirmé qu’il souhaitait que l’immunité de M. Puigdemont soit réaffirmée devant la cour de Justice de l’Union européenne à titre de mesure provisoire.

"Nous sommes prêts à soumettre une nouvelle demande à la Cour européenne pour réaffirmer son immunité parlementaire à titre provisoire, dans le cas où les autorités italiennes ne le laissent pas partir volontairement", a-t-il affirmé.

Pour lui, il s’agit d’une "erreur de communication" entre la Sardaigne et Madrid. "Lorsqu’il y a un mandat d’arrêt européen, on le signale. Et lorsque vous êtes signalé dans le système Schengen, cela signifie que vous pouvez être privé de votre liberté directement à la frontière. L’Espagne n’a probablement pas retiré le signal, et il a quand même été arrêté", explique Me Bekaert.

"Mes collègues espagnols soupçonnent de la mauvaise volonté, mais j’accorde encore le bénéfice du doute", a-t-il ajouté. Me Bekaert ne s’attend pas à ce que M. Puigdemont soit extradé vers l’Espagne prochainement et n’a pas encore pu s’entretenir avec son client depuis son arrestation en Italie.

En se basant sur cet argumentaire, les avocats de Carles Puigdemont demandent la libération de l’ex-président catalan aussi vite que possible.

Mobilisation en Espagne

Initialement, il avait été annoncé que Carles Puigdemont allait comparaître devant les juges italiens ce vendredi matin vers 9 heures.

Les Catalans se sont alors mobilisés : vers 8h30 ce vendredi matin, des témoins sur place affirmaient que les Mossos, la police autonome de Catalogne, empêchaient aux manifestants de se rapprocher du consulat italien de Barcelone.

Carles Puigdemont arrêté en Italie: mobilisation des Catalans

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Cela ne les a toutefois pas empêchés d’arpenter les rues : c’est notamment le cas des membres de l’association culturelle Omnium, qui promeut la culture et la langue catalane.

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Pour Elisenda Paluzie, leader de l'Assemblée Nationale Catalane, c'est de l'acharnement:

Arrestation de Carles Puigdemont en Italie: réaction d'Elisenda Paluzie, leader de l'Assemblée Nationale Catalane

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L’arrestation en Italie de l’indépendantiste a lieu à un moment clé : la semaine dernière, les négociations entre le gouvernement espagnol et l’exécutif régional catalan ont repris afin de trouver une issue à la crise politique en Catalogne. Carles Puigdemont n’est pas le seul à être poursuivi : ses ex-ministres Toni Comín et Clara Ponsatí avaient également vu leur immunité parlementaire levée en mars dernier.

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