Tennis

Casper Ruud, une ascension sans bruit vers les sommets

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Par Jérôme Jordens

Deux finales de Grand Chelem cette saison, à Roland-Garros et à l’US Open, premier qualifié pour les demi-finales des ATP Finals, Casper Ruud réalise une magnifique saison, sans faire de bruit, sans aucune vague. Quatrième joueur mondial au moment d’entamer le tournoi des Maîtres, le Norvégien veut se faire un nom dans la planète tennis et ça doit se faire par son jeu, par ses résultats. Car niveau personnalité, Ruud n’est pas du genre à se faire entendre.

Catalogué comme un joueur de terre battue, le Norvégien a réalisé sa première très grosse performance sur l’ocre parisien, à Roland-Garros, en se hissant en finale, où il n’avait pas fait le poids face à Rafael Nadal. Pour certains, c’était un one-shot et il ne fallait pas s’attendre à le voir souvent à ce stade de la compétition, du moins pas ailleurs que sur terre battue. Pourtant, début septembre, Ruud se fraie à nouveau un chemin vers la finale à l’US Open où il est à nouveau défait par un Espagnol, le jeune prodige Carlos Alcaraz. Il se retrouve alors deuxième mondial et prouve qu’à 23 ans, il vient s’installer dans le top 10 pour y rester et qu’il compte bien participer à d’autres finales de Grand Chelem.

Un papa tennisman, numéro 1 chez les juniors, une ascension régulière

Si dans un premier temps Ruud s’essaye à plusieurs sports comme le football, le golf ou le hockey, il se concentre sur le tennis à l’âge de onze ans, sans doute avec l’envie de marcher dans les pas de son papa, Christian Ruud, qui a atteint le 39e rang mondial en 1995 et qui devient son entraîneur.

Ses premiers éclats datent de 2015, où il remporte notamment l’Osaka Mayor’s Cup sur le circuit junior. Un tournoi qui compte parmi ses vainqueurs des joueurs comme Marcos Baghdatis (2001 et 2003), Marin Cilic (2005), Nick Kyrgios (2012) ou Taylor Fritz (2014). Au début de l’année suivante, il pointe à la première place mondiale chez les juniors et atteint la finale au Master junior en avril. Avant cela, il avait remporté son premier tournoi Future sur le circuit professionnel en février à Majorque.

La même année, en septembre, il remporte son premier tournoi Challenger dès sa première participation à un tournoi de ce niveau. En s’imposant à Séville, il devient le quatrième joueur à réaliser cet exploit après Dmitri Toursounov, Richard Gasquet et Mahesh Bhupathi, signe que le gamin a quelque chose de spécial.

Ruud continue de grimper les échelons et en 2017 il se révèle aux yeux du grand public en atteignant les demi-finales de l’ATP 500 de Rio de Janeiro où il est éliminé par le 24e mondial, Pablo Carreno-Busta, en s’offrant tout de même une balle de match. Il reçoit ensuite des invitations pour les ATP 1000 de Miami et Monte-Carlo mais est éliminé au premier tour à chaque fois. Il atteint le deuxième tour à Barcelone mais semble en difficulté à ce niveau.

S’il participe à ses premiers tournois du Grand Chelem en passant à plusieurs reprises le premier tour, il brille surtout sur le circuit Challenger, particulièrement sur la terre battue, ce qui lui permet de rentrer dans le top 100 en 2019. Entre-temps, il a intégré la Rafa Nadal Academy où il s’entraîne depuis 2018.

Premiers titres, premières victoires contre des ténors et entrée dans le top 10

S’il élimine ses premiers tops 20 lors de l’ATP Cup début 2020, c’est en février qu’il marque l’histoire de son pays en devenant le premier norvégien à remporter un tournoi ATP, à l’ATP 250 de Buenos Aires. 2020 est l’année des premiers exploits sur le circuit majeur de Ruud. Il brille en septembre à l’ATP 1000 de Rome où il se hisse en demi-finale en écartant notamment son premier top 10, Matteo Berrettini, en quart de finale.

Il confirme ensuite en 2021 en atteignant les demi-finales à Monte-Carlo, Munich et Madrid, où il élimine notamment le numéro 5, Stefanos Tsitsipas. Ruud entre alors pour la première fois dans le top 20. A son avantage sur la terre battue, il loupe totalement sa saison sur herbe mais revient en forme sur dur où il est quart de finaliste aux ATP 1000 du Canada et de Cincinnati. Malgré son élimination au 2e tour de l’US Open, il entre dans le top 10 à l’issue du tournoi. Il remporte ensuite son premier tournoi sur dur à San Diego et prouve à ses détracteurs qu’il n’est pas qu’un joueur de terre battue et de petits tournois comme lui avait notamment reproché Nick Kyrgios. L'Australien a, en effet, à plusieurs reprises lancé quelques piques au Norvégien sur les réseaux sociaux l’accusant notamment de "voler ses points à travers ces tournois" ou d’avoir un tennis ennuyant. Ruud participe pourtant aux ATP Finals et se qualifie pour les demi-finales où il est balayé par Daniil Medvedev.

Il a toutefois fait le plein de confiance pour la saison 2022 où il atteint donc la finale à Roland-Garros et à l’US Open et remporte trois tournois 250 sur terre battue, à Buenos Aires, Genève et Gstaad. Il atteint également la finale à l’ATP 1000 de Miami.

A Roland-Garros, il fait pour la première fois parler de lui pour son comportement lors du quart de finale qui l’oppose au jeune Holger Rune. Le Norvégien a à plusieurs reprises reproché à Rune de trop souvent aller vérifier les marques. Le Danois lui a répondu de se taire, ce qui a entraîné une poignée de main glaciale en fin de match. Ruud aurait ensuite crié "Yes !" à Rune dans le vestiaire, une version que le Norvégien conteste. Une petite frasque qui s’éloigne du comportement habituel du Norvégien, qui, à l’image de son jeu, a plutôt l’habitude d’être sobre et sans vague.

Déjà demi-finaliste des ATP Finals la saison dernière, le Norvégien s’est à nouveau qualifié pour ce stade de la compétition cette année après avoir battu Felix Auger-Aliassime et Taylor Fritz lors de ses deux premiers matchs. Il doit encore disputer sa troisième rencontre de la phase de poules avant de peut-être filer vers le titre pour montrer une fois pour toutes qu’il mérite sa place parmi les meilleurs du monde.