Dans une société catalane divisée, le front indépendantiste a prouvé sa détermination à rompre ses liens avec l’Espagne. Une fièvre d’autant plus forte depuis la tenue du référendum marqué par des violences policières qui ont fait resurgir le spectre du franquisme.
Les aspirations indépendantistes des Catalans ne remontent pas à hier. Depuis le XVe siècle, et la prise de pouvoir d’un roi d’ascendance castillane sur le comté de Barcelone, une frange de la population catalane nourrit cette quête d’auto-détermination.
Et à l’aube d’une possible déclaration unilatérale d’indépendance, les violences policières lors du référendum du 1er octobre n’ont fait que renforcer la fièvre sécessionniste. Car cette répression du pouvoir espagnol rappelle pour beaucoup le trouble qui s’est emparé de la région lors de la période franquiste.
Levier d'action
"Pendant la dictature, la Catalogne a été fortement négligée et sa culture méprisée, la langue catalane était bannie, son enseignement totalement interdit" explique Victor Fernandez Soriano, docteur en histoire à l’ULB.
Un traumatisme encore très prégnant selon l’écrivain catalan Josep Ramoneda, "c’est évident que pour les gens plus âgés la mémoire du franquisme existe et que cette mémoire est un élément de mobilisation", mais ce dernier de nuancer "l’anti-franquisme, ce n’est pas le noyau de la contestation, il y a surtout une réaction contre la droite espagnole qui a toujours été très peu empathique avec la Catalogne".
Le spectre du franquisme serait aujourd’hui davantage un levier d'action qu’une réelle appréhension dans les rangs indépendantistes, composés en majorité de jeunes catalans n'ayant jamais connu la dictature. "Le contexte historique et politique est très différent, aujourd’hui, les gens peuvent manifester, à l’époque franquiste cela aurait été impossible" analyse Victor Fernandez Soriano.