Belgique

Catherine Fonck (cdH) à Jeudi en Prime : dans la crise sanitaire, le gouvernement n’anticipe pas assez

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La députée et cheffe de groupe cdH à la Chambre, Catherine Fonck, était l’invitée de l’émission Jeudi en Prime, sur la Une, après le Journal Télévisé. Son parti n’est dans aucun gouvernement. Catherine Fonck, qui est aussi médecin, était interrogée sur la gestion de la crise sanitaire et les principaux sujets d’actualité.

Pour "une gestion plus apaisante" de la crise Covid et plus d’anticipation

C’est des bancs de l’opposition que Catherine Fonck (cdH) observe la gestion de la crise du Covid par les autorités politiques du pays. Que pense-t-elle du travail du gouvernement ? Que pense-t-elle des mesures prises, notamment lors des trois Comité de concertation qui se sont succédé en quelques semaines ? La Cheffe de groupe cdH à la Chambre est assez critique. Elle évoque "des mesures dont on ne perçoit pas toujours la cohérence", et des ministres qui, à l’issue du Codeco "se renvoient le ping-pong" en disant qu’ils ne voulaient pas de telle ou telle mesure mais y sont obligés par le Codeco… "Tout cela est de nature à rompre la confiance avec les citoyens, à angoisser les citoyens, mais aussi à ne pas être très efficace", réagit Catherine Fonck. Elle plaide pour "une gestion plus apaisante", avec "des mesures adaptées" et "concertées avec les scientifiques". Il faudrait aussi, selon elle, "un déploiement effectif des mesures décidées" et "éviter de se retrouver en dernière minute quand on est au cœur de la tempête""Plus on anticipe, moins on doit prendre des mesures dures et moins elles sont longues", rappelle-t-elle. Elle demande de "déployer à 100% les armes dont on dispose" contre le Covid, pour gérer la situation actuelle et anticiper sur les éventuels futurs variants du virus.

Le 22 décembre prochain, un nouveau Comité de concertation se tiendra, pour évaluer l’efficacité des mesures prises lors du dernier Codeco. A cette occasion, le ministre-président flamand, Jan Jambon a déjà annoncé qu’il plaidera pour la levée des restrictions dans le secteur récréatif, la culture et l’événementiel. "Il sort ça de sa tête. J’imagine que c’est très sexy comme discours, ça lui permet de faire plaisir à un secteur et à des électeurs. Je trouve que ce n’est pas responsable", estime Catherine Fonck pour qui "la météo Covid ne sait pas se programmer à la petite semaine""Essayons de sortir de ce poto-poto politico électoraliste", plaide la députée cdH. Pour elle, alors que les écoles vont être fermées, "si maintenant on va donner le signal qu’on peut reprendre différents secteurs (récréatif, événementiel, etc), alors que les enfants perdent une semaine de scolarité, je trouverais ça dommage", ajoute-t-elle. Elle demande la fin "du ping-pong qui n’entraîne pas l’adhésion du citoyen".

Faut-il imposer la vaccination ?

La question de l’obligation vaccinale est d’actualité. La vaccination des soignants fait débat. Faut-il envisager d’imposer la vaccination à tous les adultes ? Catherine Fonck apporte des nuances. Pour elle, il faut aussi se poser la question de la faisabilité. "Une fois qu’on oblige, il faut contrôler. On va envoyer la police ?", se demande la députée. Et quelles seront les sanctions ? Pour elle, "on n’est pas allé au bout de la logique de persuasion". Elle estime que, parmi les non-vaccinés, "il y a un tout petit pourcentage d’antivax". Ensuite, il y a aussi "un plus gros pourcentage de personnes qui ont des doutes et qui sont aussi victimes de désinformation". Elle plaide alors pour une approche individuelle de ces personnes. "Cela prend 10, 15, 20 minutes pour les rassurer, les convaincre et leur montrer la réalité des chiffres et des études", explique-t-elle.

Pour Catherine Fonck, on peut se poser la question d’une obligation vaccinale. "Je comprends qu’on l’aborde et il ne faudra pas l’aborder en toute dernière minute", dit-elle. Mais pour elle, la priorité, c’est le booster, la troisième dose et convaincre les non-vaccinés. Catherine Fonck évoque ainsi une étude "sur plus de 800.000 personnes qui montre que le booster permet de réduire la mortalité de 90%". Pour fin décembre, il faudrait que "4 millions de personnes en Belgique reçoivent leur booster", pour qu’il n’y ait pas plus de six mois entre la dernière dose reçue et l’injection du booster, selon elle.

Quant à la vaccination du personnel soignant, Catherine Fonck, en tant que médecin, estime que "c’est un devoir pour un soignant de se faire vacciner". Pour elle, la manifestation du personnel soignant, cette semaine, un personnel "qui est au front, avec courage", c’est aussi "une sensation d’être abandonné et d’être menacé avec cette histoire de vaccination". Pour elle, il faut que le ministre de la Santé "retrouve du dialogue avec les représentants des soignants et des infirmiers".

Un "statut de crise" pour réengager temporairement les infirmiers qui ont quitté la profession

Il faut aussi, estime la députée cdH, comme le réclament les acteurs des soins de santé, "des mesures concrètes, fortes pour rendre leur travail plus faisable, moins pénible". Sont visés les barèmes, les normes d’encadrement et le manque d’investissements. Elle rappelle ainsi que, sur le milliard d’euros mis en avant par le ministre de la Santé, une partie ne peut pas être utilisée parce qu’il manque d’infirmiers formés. "On a 200 lits aux soins intensifs qui sont fermés par manque de personnel", rappelle Catherine Fonck.

Il y a aussi, explique la députée cdH, "20.000 infirmiers qui ont été formés et qui ne sont plus dans les soins infirmiers". Autant de personnes qui ont changé de profession et que la députée cdH voudrait pouvoir mobiliser en temps de crise. Elle propose un "statut de crise" qui permettrait d’aller rechercher ces personnes formées aux soins infirmiers pour disposer de plus de personnel en période de crise. "Ils pourraient revenir. Il faudrait un accord avec leur employeur actuel pour leur permettre de s’engager, peut-être pour un certain nombre de mois", explique la députée. Il y aurait "un barème complémentaire par rapport à leur situation professionnelle actuelle, qu’ils ne perdent aucuns droits". Ce personnel, formé, pourrait être dirigé vers différents services hospitaliers, pas forcément dans les soins intensifs.

La vaccination des enfants ?

Catherine Fonck se dit aussi favorable à la vaccination des enfants. Pour la députée et médecin, il faut l’envisager, "pas seulement dans le sens de protéger la société", mais aussi "parce que cela permet de protéger les enfants, car il y a des enfants qui souffrent d’une maladie Covid très sévère, très rare, mais très sévère".

Cependant, si l’on vaccine les enfants, il faut, selon Catherine Fonck, "des balises". Pour elle, il n’est "pas question de faire comme avec les ados, de dire que c’est la liberté de se faire vacciner, mais où on met un CST aux ados qui n’ont pas été vaccinés".

Le vaccin pour les enfants "devrait donc être mis à disposition et articuler un dialogue avec les parents pour expliquer", "pour que chacun puisse prendre sa décision de manière très éclairée", conclut Catherine Fonck sur ce sujet.

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