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Ce classique de Paganini, repris par Liszt mais aussi par un groupe de k-pop... qui se fait parodier ensuite

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Niccolò Paganini était l’un des plus grands violonistes de l’Histoire. Son œuvre a traversé les générations, au point d’être encore reprise par un groupe de K-Pop et un duo de YouTubeurs. Analyse de la partition la plus célèbre du violoniste italien : La Campanella.

Pour bien comprendre la partition qui nous occupe, il faut commencer par un petit saut dans le temps. À Florence, en Italie, au printemps 1827, le violoniste et compositeur italien Niccolò Paganini a 45 ans et il est sur scène pour jouer son Concerto pour violon n°2 en Si mineur. Il en est à la fois compositeur et interprète. Ce concerto se divise en trois mouvements dont le dernier s’intitule Rondo à la clochette ou, en italien, La Campanella.

Pour cause, il y a dans la partition cette omniprésence du triangle qui rappelle des clochettes.

Paganini, celui qui a révolutionné la technique du violon

C’est une musique extrêmement technique et virtuose. A son époque, Niccolò Paganini a vraiment révolutionné la façon de jouer du violon.

Le musicien époustouflait déjà ses contemporains : certains pensaient qu’il avait des mains et des bras particulièrement surdéveloppés pour pouvoir jouer comme ça… D’autres disaient simplement que le diable s’était incarné en lui. On le désignait même sous l’appellation suivante : le violoniste infernal. La preuve dans cette Campanella.

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La Campanella, reprise par le virtuose du piano

Peut-être qu’une version au piano vous est plus familière. Un constat guère étonnant puisque la Campanella a inspiré d’autres musiciens : Johannes Strauss père pour une valse en 1840 mais aussi, Franz Liszt en 1838. Lui aussi, parfois, qualifié de virtuose diabolique.

Liszt va réutiliser le motif mélodique, et le titre, de La Campanella pour une de ses études pour piano.

Ici encore, La Campanella au piano est une partition extrêmement difficile mais qui deviendra très connue.

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La musique classique, une mine d’or pour des tubes K-Pop

Cette célébrité, elle ne va pas s’arrêter au XIXe. Elle va même prendre la direction de la Corée et du XXIe siècle. Parce qu’il y a quelques mois, Paganini et Liszt ont rencontré les Blackpink, girlsband de k-pop qui a vraisemblablement samplé La Campanella. Ce morceau intitulé Shut Down est sorti le 16 septembre 2022 sur leur 2e album, Born Pink.

De prime abord, on pourrait se dire que la musique classique et la k-pop, ça n’a rien à voir… Il existe pourtant quelques points communs. Etre une star dans le milieu de la pop coréenne, cela ne s’improvise pas. Tout commence avec des enfants d’environ 10 ans qui passent une audition. Parmi 500.000 candidats, une trentaine est choisie pour intégrer une académie. Là-bas, les enfants travaillent 10h par jour, ne voient plus beaucoup leurs parents et, en grandissant, ils n’ont pas droit à leur téléphone. Des conditions qui rappellent la Chapelle Reine Elisabeth pendant le Concours sauf que les relations amoureuses sont interdites pour les artistes de la K-Pop.

Encore plus choquant, certaines filles sont pesées régulièrement pour contrôler leur poids. Des méthodes étonnantes, inspirées de l’armée coréenne. Pour les Coréens, la musique, c’est de la discipline ! Même dans la pop. Et, visiblement : la fin justifie les moyens. Parmi les moyens pour faire un bon gros tube planétaire, il y a celui de reprendre une mélodie vieille de deux siècles.

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La reprise parodique de "Shut Down"

Le groupe ne s’est pas exprimé sur cette paternité musicale. En revanche, un buzz a éclaté quelques semaines plus tard. Suite à la sortie de la chanson Shut Down des Blackpink, le célèbre duo de YouTubeurs australien Two Set Violon a imaginé une parodie qu’ils ont intitulée Paganini – Sell Out (Paganini – Vendu). Avec cette parodie, les Two Set Violon ont voulu dénoncer, rire ou simplement se moquer gentiment de ces samples de classique qu’on retrouve dans la pop.

La chanson se présente sous forme d’un duo : un featuring entre Niccolò Paganini et Mozart of B²TSM, référence peut-être à BTS, le groupe le plus célèbre de la K-Pop. Les deux musiciens sont d’ailleurs les protagonistes d’un clip mélangeait tenues du XVIIIe siècle, blouson en cuir et chiens faussement féroces.

Les paroles sont hilarantes et se poursuivent ensuite en dénonçant le titre Shut Down des Blackpink : "I see you tryna shut me down, so Imma have to shut you up". ("Je vois que tu essayes de me faire taire, donc c’est moi qui dois te faire taire").

Le refrain est encore plus évocateur : "I sold my soul to the devil. You sold yours to your label / Sell it, sell it, sell it… Unlike you, I have principles". En français : "J’ai vendu mon âme au diable (référence à Paganini, violoniste diabolique). Tu as vendu la tienne à ton label. Vends-la, vends-la, vends-la… Contrairement à toi, j’ai des principes".

En plus d’avoir comptabilisé plus de 2 millions de vues avec leur versions (face au 302 millions de Blackpink), ce sont d’excellents musiciens. Ils ne samplent pas en boucle la partie de violon, ils la jouent eux-mêmes, et avec virtuosité !

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