Belgique

Ce mardi, le secteur des soins de santé manifeste pour s’opposer à la vaccination obligatoire et réclamer des moyens

Les syndicats du personnel soignant manifestent à Bruxelles ce 7 décembre contre le projet du gouvernement d'obligation vaccinale sous peine d'interdiction d'exercice de la profession.

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Les syndicats du secteur de la Santé, en front commun, ont convié leurs affiliés à manifester, ce mardi à 10h30 à Bruxelles. Le rassemblement est prévu à la Place de la Chapelle et s’inscrit dans la campagne d’actions menées par les travailleurs des soins de santé depuis le 26 novembre.

Les syndicats des soins de santé dénoncent l’interdiction faite au personnel de ce secteur de continuer à travailler sans être vacciné contre le Covid-19. Ils plaident aussi pour plus de moyens pour le secteur.

Mobilisation contre l’interdiction professionnelle pour les soignants non-vaccinés

Il n’est pas question pour les syndicats du personnel soignant de dénoncer la vaccination. "Nous sommes convaincus que la vaccination a été et reste, associée aux autres mesures, un outil efficace de lutte contre la pandémie", peut-on lire dans le tract appelant à manifester ce mardi. Par contre, "ce n’est pas le personnel soignant qui contamine la population", poursuivent les syndicats qui estiment que "le respect des règles de prévention est au cœur de leur métier en tout temps".

Pour eux, la 4e vague du coronavirus s’explique par l’agressivité du variant delta et par "un retour à une vie communautaire et sociale sans mesures de précaution suffisantes".

Ce contexte planté, les syndicats du personnel soignant dénoncent l’avant-projet de loi du gouvernement qui concerne la vaccination du personnel des soins de santé. Ils reprochent à cet avant-projet de loi d’instaurer une interdiction professionnelle totale, empêchant les soignants d’exercer leur activité où que ce soit. Pour les syndicats des soignants, le projet de loi est discriminant, car il crée une distinction entre soignants et non-soignants.

Plus de risques d’accroître la pénurie de personnel soignant que de contaminer des patients ?

Surtout, il risque d’aggraver la pénurie de personnel dans le secteur. "Il est irresponsable de mettre en cause, ne serait-ce que 5% du personnel qui ne serait pas vacciné", explique Yves Hellendorf, secrétaire national de la CNE "non marchand". "Le risque, c’est que demain, si la troisième dose est obligatoire, ça pourrait être 10% du personnel qui ne serait plus là sur le terrain, alors qu’aujourd’hui, on est déjà en train de fermer des unités, pas à cause du Covid mais à cause du fait qu’on n’a pas assez de personnel", ajoute Yves Hellendorf qui appelle le monde politique à en prendre conscience.

Les syndicats dénoncent aussi le fait que le gouvernement ne se soit pas concerté avec les syndicats du secteur des soins de santé avant d’imposer la vaccination sous peine de sanctions au personnel soignant.

Pour les syndicats, l’avantage que procurait la vaccination des soignants ne pèserait pas lourd dans la balance. "Nous pensons que la plus-value d’une obligation vaccinale est moins importante que le risque qu’on fait courir aux services hospitaliers ou au service de santé (soins à domicile et maisons de repos) par le fait qu’il y ait eu stigmatisation de ce type de travailleurs et qu’il y ait un risque de fuite encore plus important de ce personnel de santé vers d’autres professions", souligne Yves Hellendorf.

Du côté syndical, on voudrait aussi que les autorités fournissent des chiffres pour objectiver le risque de contamination que le personnel soignant ferait courir aux patients. Et, à entendre les syndicats, le problème est davantage un problème de moyens en personnel dans les soins de santé que de vaccination. "Quand une infirmière de nuit est toute seule et qu’elle a dans son service des patients Covid et des patients non-Covid, l’important n’est pas de savoir si elle est vaccinée. L’important est de savoir pourquoi on met dans une même unité des patients Covid et non-Covid avec une seule infirmière", dénonce Yves Hellendorf.

Un manque de moyens, malgré les promesses

Cet exemple fait écho aux revendications des syndicats pour plus de moyens. Le cœur du problème, pour les syndicats du personnel soignant, c’est surtout le manque de moyens, notamment dans les hôpitaux.

Il y a bien eu le fond blouse blanche, négocié en juin 2020, voté au parlement près d’un an plus tard, en mai 2021. On parle ici d’un montant annuel de 420 millions d’euros. Dans le détail, 354 millions d’euros doivent être consacrés à l’amélioration de l’emploi dans le secteur des soins et 48 millions d’euros au renforcement des soins à domicile indépendants. Il était également prévu que le fonds pour 2021 soit utilisé en priorité pour permettre le financement d’un équivalent temps plein supplémentaire par unité de soins ou par fonction hospitalière.


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Et puis, "on parle de 500 millions qui ont été mis en place pour l’attractivité barémique, mais aussi des 100 millions d’euros qui sont toujours non dépensés et qui devaient permettre d’améliorer les conditions de travail du personnel et la conciliation vie familiale-vie professionnelle", explique Yves Hellendorf. Mais concrètement, les effets de ces mesures tardent à se faire sentir sur le terrain. "Cela fait des mois qu’on essaye d’avoir des discussions avec les cabinets. On a une réunion tous les deux mois, deux mois et demi. Entre les réunions, rien ne se passe. On dirait vraiment qu’il n’y a pas une priorité par rapport à cela", dénonce le responsable syndical.

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JT du 06/12/21

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