A Verviers, c'est au milieu de la nuit du 14 au 15 juillet que la Vesdre a pris le contrôle de la ville. Christelle Lavergne et sa fille se souviennent. Elles ont eu le temps de quitter leur appartement du rez-de-chaussée. Leur chien, qui d'ordinaire n'aboie jamais, les a réveillées. "Je suis allée voir à la fenêtre et j'ai vu que des six marches qui sont devant la maison, à plus d'1,5 mètre du sol, il n'en restait plus que trois", explique Lucie Lavergne, la fille. Il était quatre heures du matin. Les occupants du rez-de-chaussée ont eu à peine un quart d'heure pour se préparer au pire et se réfugier dans l'escalier menant au premier étage. Ils y sont restés bloqués jusqu'en milieu de matinée.
Lorsqu'on leur demande si l'arrivée de la crue de la Vesdre à Verviers leur fait penser à un tsunami, c'est l'image d'un autre phénomène naturel qui surgit : "On l'a entendu de loin, comme un grondement, c'était horrible. Comme s'il y avait une avalanche qui arrivait. Cela a même fait trembler les murs. La vague était tellement forte que ça a fait trembler les murs", se rappelle Lucie Lavergne.
David Arena-Martinez, un autre habitant de Verviers est resté éveillé toute la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 juillet. Lorsque l'eau avait commencé à monter, plus tôt dans la journée, ses voisins avaient évacué le quartier. Lui, était resté pour surveiller. Aux environs de minuit, une décrue lui a fait penser que le pire était passé. Cependant, "vers deux heures du matin, la catastrophe est arrivée", se rappelle David Arena-Martinez.
"Il s'est passé quelque chose d'anormal"
Selon lui, l'eau a commencé à monter très vite, jusqu'aux environs de quatre heures du matin. "Ce n'est pas possible que ce soit les pluies. De deux heures à quatre heures du matin, même s'il pleuvait, il ne pleuvait pas plus que le mercredi après-midi. Là, il s'est passé quelque chose d'anormal", se demande le Verviétois qui se demande encore ce qu'il s'est passé.
Conseiller communal verviétois et député fédéral, Malik Benachour souhaite vivement comprendre pourquoi sa ville a ainsi été ravagée. "Est-ce que les habitants de la vallée de la Vesdre ont subi une catastrophe naturelle ?, se demande-t-il. Ou ont-ils subi les conséquences d'une catastrophe naturelle aggravée par de mauvaises décisions, par un manque d'anticipation au niveau de la gestion du barrage d'Eupen ?"
Pour Malik Benachour, il faut "absolument savoir ce qu'il s'est passé". "Quelle a été la chaîne de décisions, particulièrement le mercredi 14 juillet?", se demande-t-il. "Nous devons décortiquer quart d'heure par quart d'heure pour comprendre quelles sont les quantités d'eau qui ont été relâchées depuis le barrage", réclame-t-il.
Pour lui, c'est toute la période du dimanche 11 juillet au jeudi 15 juillet qui doit être passée à la loupe. "Les anticipations ont-elles été suffisantes? N'aurait-on pas pu relâcher un peu moins d'eau mais pendant plus longtemps, par exemple depuis le lundi? Quel effet cela aurait-il eu sur le phénomène que nous avons subi dans la nuit de mercredi à jeudi?", s'interroge-t-il.
Pour Malik Benachour, les réponses à ces questions sont nécessaires, alors que les dégâts sont immenses, que dans certaines localités comme Pepinster, des quartiers ont été rayés de la carte et que, pour l'échevin verviétois, "la deuxième guerre mondiale n'avait provoqué autant de dégâts".