Le drapeau finlandais, une croix sur un fond blanc, va donc être hissé ce mardi après-midi à 15h30 au siège de l’Otan à Bruxelles.
C’est historique. La Finlande a toujours essayé de ménager la chèvre et le chou : à la fois pays voisin de la Russie, sous domination russe au 19° siècle ; et à la fois membre aussi de l’Union Européenne. La Finlande a décidé de ne plus être chèvrechoutiste. Elle fait un choix clair : la Russie n’est plus un voisin à ménager, mais un voisin dont il faut potentiellement se défendre.
La Suède reste pour l’instant recalée
La Suède reste encore, si vous me permettez l’expression, au purgatoire, en attendant d’arriver, si je puis dire, au paradis de l’Otan. La Turquie et la Hongrie bloquent l’adhésion de la Suède, comme elles l’avaient fait pour la Finlande.
Qu’est-ce qui se passe côté turc ? Erdogan accuse toujours la Suède de servir de repaire à ceux qu’il considère comme "terroristes" kurdes. Et ce qui a particulièrement crispé la Turquie, c’est qu’en janvier dernier, un extrémiste avait brûlé un Coran en Suède, près de l’ambassade de Turquie.
Comme toujours dans ces cas-là, si les autres alliés veulent que la Suède entre dans leur club de l’Otan, il va falloir trouver des portes de sortie honorables pour tout le monde.
Côté hongrois, on n’apprécie guère le ton que les Suédois utilisent pour parler de la Hongrie, en critiquant le Premier ministre Viktor Orban et en soulignant ses manquements à l’état de droit. En clair, les Hongrois disent : chers Suédois, vous nous critiquez un peu trop fort. Donc mettez-la en veilleuse si vous voulez adhérer à l’Otan.
L’apport de la Finlande à l’Otan
La Finlande a beaucoup d’atouts. D’abord militaire. On ne l’imagine pas forcément, mais elle a une armée puissante. Après la fin de la guerre froide, les Finlandais ont continué à se préparer à la guerre, ce que d’autres pays n’ont pas forcément fait.
Et donc la Finlande compte 5 millions et demi d’habitants seulement, mais elle peut mobiliser près de 300.000 militaires. Elle a une réserve totale de près de 900.000 soldats. C’est énorme.
Elle a aussi une des plus grandes artilleries d’Europe, et elle a investi dans des avions chasseurs F35. C’est tout ça qu’elle peut apporter militairement à l’Otan.
En plus, géographiquement, grâce à la Finlande, les pays voisins alliés, les pays baltes, vont se sentir mieux protégés. Puisqu’en cas d’attaque russe, des renforts de l’Alliance atlantique pourraient désormais arriver depuis le nord, depuis la Finlande.
La Finlande a une frontière très longue avec la Russie, 1300 kilomètres. Et donc avec la Finlande, l’Otan double la longueur de sa frontière avec la Russie. Ça a ses avantages et ses désavantages en termes de sécurité.
Ça permet aussi de mieux positionner l’Otan dans la Baltique et l’Arctique, où les enjeux sont nombreux : on pense à la guerre hybride, aux sabotages du nord Stream, mais aussi aux nouvelles routes des hydrocarbures qui passent par le nord.
Et puis symboliquement, l’adhésion de la Finlande, c’est très fort. L’Otan montre à la Russie que l’invasion de l’Ukraine n’a fait que pousser de nouveaux pays dans les bras de l’alliance atlantique… Au grand dam évidemment de la Russie.
Pas de quoi apaiser les tensions…
Réponse du berger à la bergère, la Russie veut renforcer ses capacités militaires près de la Finlande.
Et puis les alliés regardent aussi ce qu’il se passe côté biélorusse. Ce pays devient de plus en plus une sorte de poste avancé militaire de la Russie.
La Russie va positionner des armes nucléaires tactiques à l’ouest de la Biélorussie (les armes tactiques sont des armes qui peuvent aller jusqu’à 300 kilomètres). Et ça, c’est vraiment à l’ouest de la Biélorussie, donc à côté de ses voisins qui font partie de l’Otan, la Lituanie, la Lettonie et la Pologne.
Tout ça mis ensemble ne sent pas le calme et l’apaisement.