Que va-t-il se passer ce 9 mai ? C'est la question posée ce matin à Nina Bachkatov, docteur en sciences politiques à l’ULiège et spécialiste de la Russie, dans Matin Première. En Russie, Vladimir Poutine organise ce lundi un grand défilé militaire. Pour l’Union soviétique, le 9 mai, c’est l’équivalent de notre 8 mai.
Cette date marque la fin de ce qu’on appelle là-bas la "Grande guerre patriotique". C’est donc la célébration de la capitulation nazie, en 1945. Cette année, Vladimir Poutine compte faire résonner cette fête nationale dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Un grande fête populaire
En Russie, rappelle Nina Bachkatov, docteur en sciences politiques à l’ULiège et spécialiste de la Russie au micro de Matin Première, le 9 mai est d’abord une fête populaire. "C’est une très grande fête populaire, raconte-t-elle, le jour est férié et donc tout le monde descend vers le centre-ville, dans les parcs, etc. C’est un moment que j’ai toujours beaucoup aimé quand j’étais à Moscou. Ceci dit, si j’étais à Moscou, cette année, je ne suis pas certaine que j’irais. On a l’impression que cette célébration populaire a été kidnappée pour un but tellement ouvertement politique et qui en même temps n’est pas très clair non plus. Ça me rendrait mal à l’aise.”
Cela pourrait être extrêmement violent verbalement.
Nina Bachkatov concède en même temps que cela fait des années que cette date est politisée, au gré des relations avec l’Occident et avec les pays de l’ancienne Union soviétique. Elle estime qu’il est difficile de prévoir ce que Vladimir Poutine va dire dans son discours : "On ne peut que spéculer. Ce qu’on a comme indication, tout de même, c’est ce qu’il a dit ce dimanche, qui n’était pas très nuancé, pas très diplomate et dans lequel il parlait de nouveau de dénazification. […] Cela pourrait être extrêmement violent verbalement."
Une mobilisation générale?
Selon des officiels occidentaux et ukrainiens, Vladimir Poutine pourrait profiter de cette journée de célébration pour décréter la mobilisation générale. "Je peux m’attendre à tout, réagit la spécialiste de la Russie, mais je ne sais pas si vous imaginez : essayer à la fois de replacer la victoire soviétique dans un contexte de pacification de l’Europe et en même temps dire aux gens qu’on risque d’envoyer leurs fils conscrits sur le front, c’est quand même difficilement compatible."