Dans l'air du temps

Centenaire de Brassens : Georges Brassens, une vitalité (im)mortelle

Tout au long du mois d’octobre, Réal Siellez consacre sa chronique Dans l’air du temps à Georges Brassens, dont on a célébré le centenaire ce 22 octobre dernier. Une chronique qui se rebaptise pour l’occasion : Dans l’air de Georges. Ce vendredi 29 octobre, nous commémorerons également les 40 ans de sa disparition.

Nous sommes le 29 octobre 1981… Le jour tant redouté est arrivé. Mais le public, ses amis, et lui-même était préparé. Parce que la mort, Georges Brassens l’a chanté de son vivant.

Dans sa chanson Le Testament, il a imaginé sa propre mort, un exercice qu’il s’est imposé mille fois. Mais une de ses obsessions, c’est la mort des autres, de ces amis perdus de vue comme dans le vieux Léon par exemple.

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De façon plus distancée, il mettra en musique des éloges funéraires de ceux qu’il admirait comme Paul Fort ou Verlaine…

Et puis autre obsession chez lui, c’est ce qu’il advient du défunt…

Au-delà de l’au-delà, ce qui le fascine ce sont les rituels mortuaires…

Fossoyeurs décalés et veuves joyeuses pleuvent dans l’œuvre de Brassens. Le processus de mise en terre et de mise en bière sur lequel on pose un regard sociologique sans chichi…

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En revanche, jamais d’obstruction à sa propre disparition, sinon celle toute simple qui se traduit par une gêne qui peut paraître bêtasse mais qui a son importance : ne plus profiter de la vie…

A ce titre, il écrira une "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète", suivant le même procédé que son idole littéraire, un certain François Villon, dont l’influence se retrouve partout dans l’œuvre de Brassens. Ce dernier avait d’ailleurs mis François Villon en musique dans "la ballade des dames du temps jadis". L’œuvre maîtresse de François Villon est son "Testament", composé en 1641, une œuvre poétique d’une vingtaine de poèmes octosyllabiques. 

Le contenu de la chanson "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète" est l’essence même de Brassens. Son œuvre la plus aboutie, mais aussi la plus longue, une chanson de 435 secondes, soit 7 minutes 15…

On y retrouve tout ! Sa réconciliation avec sa ville natale qui l’avait chassé a cause d’un larcin adolescent, son rapport à ceux qui l’aiment et qui ont empli le caveau comme un œuf, le soin qu’il porte à ses amis en réclamant qu’un pin parasol les protège du soleil, son plaisir de regarder de jolies filles, et l’envie de voir des gamins jouer de sa sépulture, et surtout de partout son surréalisme qui déborde…

Brassens nous dit que mort, il a envie de servir la vie… Une vitalité mortelle…

"Supplique pour être enterré sur la plage de Sète" par Brassens en 1966 sur l’album du même nom… C’était dans l’air de Georges… Ça l’est toujours…

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