Voilà trente années que César n’a plus foulé le sol de sa terre natale. Mais dans ce dernier quart de siècle, la Belgique s’affirme comme un centre de la modernité artistique ; un centre qui accueille chaleureusement le "Père Franck" et sa bande. À travers le violoniste Eugène Ysaÿe, cette liaison renouvelée sera le berceau d’un chef-d’œuvre de la musique de chambre : la Sonate pour violon et piano.
Liège, concert de la Société de l’Emulation, 8 avril 1874. En première partie, l’Ouverture de Léonore de Beethoven : vif succès. Mais l’œuvre triomphale de ce concert, c’est Ruth de César Franck qui, à la baguette, est accueilli par de longs et frénétiques bravos.
"L’orchestre Ysaÿe, l’orchestre de la Monnaie, l’Orchestre du conservatoire, ça fait trois forces qui couvrent un champ esthétique très important !"
Après trois décennies d’absence, Franck revient finalement dans sa ville natale. Son retour dans la cité ardente se fait en tant que compositeur et organiste. Ce n’est pas seulement un retour aux sources, Franck veut faire jouer ses pièces le plus possible, et alors que l’activité musicale en France est figée au lendemain de la guerre, la Belgique s’ouvre à la musique germanique, mais aussi à la vision musicale moderne de la bande à Franck.
En 1876, Henri Vieuxtemps reçoit un jeune violoniste formé au Conservatoire de Liège : Eugène Ysaÿe. César nourrissait depuis longtemps le désir d’écrire une sonate pour violon et piano. Pour que son œuvre ait une chance de vivre, il lui faut un violoniste qui fasse corps avec elle. Ysaÿe sera ce violoniste, et gardera un lien très fort avec la Sonate pour piano et violon de Franck pour le restant de sa vie.