Le fantôme de la radio

C’était au Festival de Cannes

Sélim Sasson et Yves Montand au Festival de Cannes, en 1967

© Sonuma

La RTBF couvre le Festival de Cannes, en radio et en télévision, depuis le début des années 60.  Pas complexés pour un sou, les journalistes belges sont toujours parvenus à se faire une petite place au soleil, lors de cet événement fréquenté par le gratin de la presse internationale. Evocation en archives !

Malgré des moyens de production modestes, les équipes de la RTBF ont joué dans la cour des grands. Connaisseurs enthousiastes, infatigables passionnés du 7e art, les reporters rtbéens ont rencontré les plus grandes stars du cinéma sur la Croisette, dans le Palais des Festivals et même sur la plage, réalisant ainsi des entretiens et des reportages passionnants.

En guise d’introduction au Festival de Cannes qui se déroulera du 17 au 28 mai prochain, le Fantôme de la Radio présente une sélection de séquences extraites des archives cannoises de la RTBF (un véritable trésor dans lequel on pourrait se perdre des heures...).

Des moments rares et précieux, enregistrés pour la plupart d’entre eux à une époque où les stars étaient bien plus libres et disponibles qu’aujourd’hui. Vous entendrez par exemple :

Un des tout premiers reportages sur le Festival de Cannes, qui date de 1961. Il est signé Gérard Valet et Henri Roanne qui animent ensemble l’émission Radio-Ciné, très populaire à l’époque. Les deux journalistes, équipés de leur enregistreur Nagra, capturent les petits et grands moments du Festival, tendent leur micro aux vedettes qu’ils croisent sur leur chemin, enregistrent les chanteurs qui se produisent en marge du Festival. Un reportage mené tambour battant qui commence avec l’interview d’Yves Montand, venu à Cannes présenter le film 'Aimez-vous Brahms'.

1963 :  c’est l’année du 'Guépard' de Luchino Visconti. Les envoyés spéciaux de l’émission Radio-Ciné sont présents, bien entendu, sur la French Riviera.  

Sélim Sasson au festival de Cannes en 1967

Nous sommes en 1967. 20e édition, déjà, du Festival de Cannes. Sélim Sasson, le nouveau Monsieur Cinéma de la RTBF (principalement en télévision), fait ses premiers pas sur la Croisette. Il se souvient, bien des années plus tard, de son baptême du feu.

Mai 1968 : les remous provoqués par la révolte des étudiants et des ouvriers atteignent le Festival de Cannes. Le samedi 18 mai, le Comité de défense de la Cinémathèque française, représenté entre autres par François Truffaut, Jean-Luc Godard et Louis Malle, organise une assemblée générale au sein du Palais du Festival. Truffaut et ses camarades annoncent l’arrêt de la compétition, en solidarité avec les étudiants et les ouvriers. Faut-il pour autant suspendre la projection des films ? Les avis divergent… 

Immersion au cœur du festival métamorphosé en grande assemblée participative où la tension va monter progressivement. Un reportage de Sélim Sasson. Dans l’ordre, vous entendrez François Truffaut, Jean-Luc Godard, Roman Polanski, Jean-Luc Godard encore, Louis Malle et enfin Claude Berri.

Arrivent les années 70 et avec elles, un nouveau reporter : Roger Simons. Comédien de formation, il joue d’abord au théâtre, à Liège et à Bruxelles. Puis il abandonne les planches pour se consacrer uniquement à la radio où il réalise des fictions et des feuilletons. Il lance en même temps Les Feux de la rampe, programme consacré aux arts du spectacle et de la scène. C’est pour cette émission diffusée en radio qu’il va couvrir le Festival de Cannes pendant plusieurs années. 

En 1979, Roger Simons fait une incroyable moisson d’interviews à Cannes. Il recueille tout d’abord les impressions de Milos Forman qui vient présenter son film 'Hair', hors compétition. Un film très apprécié par Lauren Bacall

1979, encore : un Patrick Dewaere très décontracté parle longuement de sa carrière, au micro de Roger Simons. Il revient sur son rôle très éprouvant dans 'Série Noire', le film d’Alain Corneau en compétition à Cannes cette année-là.

1979 toujours : Roger Simons rencontre un monstre sacré du cinéma. A l’époque, cet acteur hollywoodien a 62 ans. Il a joué avec les plus grands : John Wayne, Tony Curtis, Henri Fonda, Burt Lancaster ou encore Anthony Quinn. Il a tourné sous la direction de Stanley Kubrick, John Huston, Billy Wilder, Elia Kazan, Otto Preminger et Vincente Minelli pour ne citer que ceux-là. Cet homme, c’est Kirk Douglas. Son interview , réalisée en français, dure plus de 20 minutes, dans une atmosphère très chaleureuse. 

En 1986, Roger Simons retrouve sur la croisette une vielle connaissance : Jean-Louis Trintignant, avec qui il a notamment enregistré pour la RTBF une très belle adaptation radiophonique du 'Petit Prince', d’Antoine de Saint Exupéry. Cette année-là, Jean-Louis Trintignant vient à Cannes présenter avec Anouk Aimée le nouveau film de Claude Lelouch : 'Un homme, une femme, 20 ans déjà'. La suite d’ 'Un homme, une femme' qui a remporté la Palme d’or en 1966.

Le cinéma belge n’est pas en reste

Le cinéma belge frappe très fort à Cannes, dans les années 90. Après 'Toto le Héros', qui remporte la Caméra d’Or en 1991, c’est le film 'C’est arrivé près de chez vous' qui crée l’événement en 1992.  

En 1996, Pascal Duquesne et Daniel Auteuil décrochent ex-aequo le prix d’interprétation masculine pour leurs rôles dans 'Le Huitième jour', le deuxième long métrage de Jaco Van Dormael.

Deux ans plus tard, en 1998, la prestation de Natacha Régnier dans 'La vie rêvée des anges' est récompensée du prix d’interprétation féminine, ex-aequo avec sa partenaire Elodie Bouchez.

Les frères Dardenne au Festival de Cannes en 1999, pour Rosetta

1999 est l’année de l’apothéose. A l’unanimité du jury, la Palme d’or est décernée à 'Rosetta', film de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Emilie Dequenne, qui incarne Rosetta, reçoit le prix d’interprétation féminine.

Olivier Nederlandt recueille leurs réactions juste après la remise des prix.

Le conte de fée cannois pour les Dardenne ne s’arrête pas là : en 2002, Olivier Gourmet reçoit le prix d’interprétation masculine grâce à son rôle dans 'Le Fils'. Les deux frères décrochent une deuxième Palme d’Or en 2005, avec 'L’enfant'. Puis le prix du scénario en 2008, avec 'Le silence de Lorna'.

En 2011, les Dardenne manquent de peu une troisième Palme d’or et 'se contentent' d’un Grand prix du Jury avec 'Le Gamin au vélo'. Leur dernière récompense remonte à l’année dernière. Cette fois, le jury leur attribue le prix de la mise en scène pour 'Le jeune Ahmed'.

Retrouvez toutes ces grandes voix ici


Une émission écrite et réalisée par Eric Loze, avec les archives de la Sonuma.

Les séquences entendues ce soir sont extraites des émissions suivantes :

Radio Ciné
Les Feux de la Rampe
Le Carrousel aux images
Le Journal télévisé


 

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