Après la démonstration du coureur Quick-Step sur le contre-la-montre au Portugal, Rodrigo Beenkens se veut enthousiaste mais prudent. "Pour la première fois Remco a dit qu’il a eu des meilleures sensations qu’avant sa chute. C’est capital. Par contre, on n’a pas encore tous les éléments, on ne sait pas ce qu’il vaut sur trois semaines. Cette année-ci va être une année cruciale parce qu’on devrait être éclairé sur ce qu’on peut vraiment attendre de lui, s’il peut jouer dans la cour des Pogacar et Bernal. Il a eu un hiver où il a pu se préparer manifestement très bien, très sérieusement. On voit que physiquement il a un petit peu changé, il a pris du muscle. Il a aussi travaillé son explosivité. Mais est-il capable de tenir avec les meilleurs sur trois semaines et dans la haute montagne ?", s’interroge notre spécialiste vélo. "Des courses World Tour vont arriver maintenant. Ce seront des face-à-face avec des coureurs qui dominent le cyclisme. Il y a Tirreno-Adriatico (avec Pogacar), la Vuelta,… N’oublions pas non plus nos classiques : la Flèche brabançonne, la Flèche wallonne, Liège-Bastogne-Liège. Il peut les gagner toutes les trois", poursuit Rodrigo Beenkens.
Remco a aussi bien grandi sur le vélo que dans la gestion de sa vie
Samuel Grulois pointe lui la maturité grandissante chez Remco. "J’ai pu l’interviewer lors du stage de Quick-Step à Calpe (en Espagne), début janvier. J’ai trouvé un garçon beaucoup plus serein et plus adulte, qui a grandi aussi bien sur le vélo que dans la gestion plus globale de sa vie par rapport aux réseaux sociaux, aux médias, au public, à son attitude, qu’elle soit hors du vélo ou sur le vélo. On se souvient de quelques gestes de mauvaise humeur. Il ne veut plus le faire et s’en excuse presque. S’il a changé de ce côté-là et qu’il arrive à être à 100% serein et moins impulsif, ça l'aidera à être plus concentré sur une course de trois semaines puisque c’est ça l’objectif, avec notamment le Tour d’Espagne cette année. Et même si une victoire est une victoire, il faut garder les pieds sur terre : le Tour d’Algarve, ce n’est pas le World Tour. Sur une course de trois semaines et face aux Roglic, Ganna, Van Aert, Bissegger, Pogacar,… Remco sera dans la bagarre mais il n’écrasera pas la concurrence. Dans la haute montagne, ce sera aussi plus compliqué. Il faut être optimiste par rapport à Evenepoel mais je continue à être un tout petit peu perplexe. Peut-être qu’il ne gagnera pas de grands tours dans sa carrière…", conclut-il, dubitatif.
Tirreno sera son premier rendez-vous important
Cyril Saugrain rejoint l’avis des deux premiers spécialistes, entre prise de maturité du jeune coureur et hâte pour la suite. "Il (ndlr : Evenepoel) a géré ce Tour d'Algarve avec beaucoup de sang-froid. Il s’est concentré sur le contre-la-montre qu’il a admirablement géré. C’était très abouti, propre, il n’y a jamais eu de changement de rythme ou de moment où on sentait qu’il était en difficulté. L’hiver semble avoir été très sérieux. On n’était pas dans une reconstruction mais bien dans une préparation de la saison. J’ai été épaté par son Tour d’Algarve et je reste très optimiste pour les grands tours. Ce qu’il a fait l’année dernière sur le Tour d’Italie, pour un coureur qui revenait, c’était juste très beau. Le premier rendez-vous important pour Remco sera à Tirreno. Il sera aussi présent sur la Vuelta et c’est le meilleur choix dans l’évolution et la construction de sa carrière."
Nos experts nourrissent beaucoup d’attentes cette saison autour du jeune belge qui a entamé sa 4e année chez les pros. Quand on sait qu’il a commencé à rouler il y a moins de 5 ans, on se dit qu’il a encore une belle marge de progression. Et lorsqu’on voit le niveau qu’Evenepoel est capable d’atteindre, les espoirs portés en lui semblent tout à fait légitimes.