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Cette fois, le Barça est de retour : adieu au poussiéreux tiki-taka, Xavi instaure une nouvelle ère

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Par Lancelot Meulewaeter

Dimanche soir, au Nou Camp, il aurait fallu une belle dose de mauvaise foi pour ne pas humer le parfum de nostalgie qui émanait des supporters locaux. En assommant l’Athletic Club sur le score de 4-0, quelques semaines après avoir succombé en Copa del Rey face à cette même équipe basque, le Barça a confirmé son retour à l’avant-plan du football espagnol. Pas via son désuet tiki-taka, mais bien grâce à un football moderne et protéiforme, qui porte le sceau de son nouvel architecte.

Il y eut Rinus Michels, Johan Cruyff et Pep Guardiola. Trois époques et trois légendes qui ont fait du Barça ce qu’il est aujourd’hui. Y aura-t-il, un jour, Xavi 'le coach', comme quatrième nom de ces passeurs de l’histoire du FC Barcelone ? Il est encore bien trop tôt pour l’avancer. Mais les révolutions menées par Xavi Hernandez à la tête des Blaugranas portent des fruits inespérés en à peine trois mois et demi. Dans les chiffres, il y a cette remontée au classement (de la septième à la cinquième place) et cette qualification méritoire à Naples (seizième de finale d’Europa League). Mais il y a bien plus que cela.

Dire adieu au tiki-taka, rentrer dans l’ère moderne

Ces dernières semaines, les Culés ont assisté à une métamorphose saisissante : celle d’une équipe en peine qui ne savait pas comment attaquer à une machine rodée capable d’infliger un tarif de quatre buts à chacun de ses adversaires. La recette ? Une véritable réflexion philosophique de Xavi. Lui l’archétype du tiki-taka barcelonais a compris qu’il était inutile de voir ressusciter un mode de pensée rangé dans le grand livre de l’histoire du football. Il a beaucoup appris de l’école allemande et de son contre-pressing pour la perte de balle. Il réhabilite la frappe, même lointaine, comme possibilité de conclure une action. Il demande à ses joueurs de centrer, même en première intention, alors que les préceptes des grands entraîneurs catalans de la décennie précédente l’interdisaient à moins qu’il n’ait lieu en retrait et dans le petit rectangle. Une révolution qu’il mène avec des joueurs savamment choisis, malgré le contexte financier délicat que le Barça traverse.

Auba, Adama, Ferran : jackpot au rabais

Etre responsable du mercato hivernal du FC Barcelone, c’était jouer au funambule entre les restrictions financières d’un côté, et l’impérieuse nécessité de donner un coup de pied aux fesses d’un vestiaire tétanisé. Un mois précisément après la clôture de la fenêtre de transfert, l’équipe du président Joan Laporta peut souffler : l’exercice est réussi. Le Barça a rapatrié Ferran Torres, que l’intermède à Man City n’a jamais vraiment éloigné des préceptes espagnols. Il a pu obtenir le prêt d’Adama Traoré, l’ailier dynamite qui délivre des amours de centres après avoir pris ses défenseurs de vitesse ; et a signé Pierre-Emerick Aubameyang, toujours à la réception de ceux-ci (quatre buts en quatre matchs cette saison). Epaulé par le toujours précieux Luuk De Jong, l'imprévisible Ousmane Dembélé et le soyeux Memphis Depay, le Barça présente une palette large pour faire mal aux adversaires ibérique. Pour soutenir ce secteur offensif encore prolifique ce week-end contre Bilbao ? Une Masia qui a retrouvé sa vocation de mère nourricière.

"Pedri me fait penser à Iniesta"

"Il me rappelle beaucoup Andrés Iniesta, il n’y a pas de talent comme le sien, je ne l’ai pas vu, cela n’existe pas. Si on parle de talent, c’est le meilleur footballeur du monde, c’est sûr." Les mots de Xavi sont adressés à Pedri. Alors que le Barça a cherché un successeur à Iniesta depuis des années (Riqui Puig, Carles Alena, Denis Suarez, Alex Collado,…), il était écrit que celui-ci allait finir par émerger hors de la bouillonnante cantera locale. Entouré de Frenkie De Jong et d’un Sergio Busquets prêt pour une last dance, alors que Gavi (17 ans) et Nico Gonzalez (20 ans) engrangent l’expérience nécessaire pour éclore, Pedri l'ancien de Las Palmas est bien accompagné. Les supporters, eux, attendent, yeux déjà écarquillés, l’envol d’Abde Ezzalzouli, qui laisse entrevoir des aptitudes de véritable phénomène.

L’arrivée de Xavi Hernandez avait ravivé une flamme presque éteinte chez les Culés. Près de quatre mois après son intronisation, le constat est clair : le Barça est de retour. Il reste un chemin long et sinueux au Barça 2022 pour égaler ne fût-ce que dans l’esprit celui de Luis Enrique (quintuplé, 2015) ou celui de Pep Guardiola (sextuplé, 2009). Une première marche serait naturellement de remporter l’Europa League. Histoire d’ouvrir l’appétit.

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