Si les 100 millions de livres (117 M EUR) déboursés par Manchester City pour acheter Jack Grealish ont provoqué un certain scepticisme, le match contre le Paris SG, mardi en Ligue des Champions, arrive à point nommé pour lever les doutes.
Passer en un été de joueur relativement méconnu hors du cercle des observateurs de la Premier League à joueur anglais le plus cher de l'histoire soulève forcément des questions.
Et elles n'ont souvent pas été tendres avec Grealish, idole d'Aston Villa, son club d'enfance, qui n'a longtemps eu pour horizon que le maintien ou la remontée en Premier League.
Une partie de sa renommée précoce tenait à son look: chaussettes baissées, mollets qui semblent plus taillés pour remporter des étapes du Tour de France au sprint et coupe de cheveux aux tempes rasées façon "Peaky Blinders" - série centrée sur des malfrats de l'entre-deux-guerres à Birmingham, ville d'Aston Villa - décortiquée dans le magazine masculin GQ en août, comme ses prestations le sont dans la presse sportive.
Beaucoup doutaient aussi de sa capacité, à 26 ans, à faire le saut qualitatif des Villans aux Citizens, avec la pression que cela suppose, lui qui ne comptait que 7 sélections avec l'Angleterre avant l'Euro.
Une source de danger permanent
Il avait failli passer ce cap en 2018, quand le Tottenham de Mauricio Pochettino, alors prétendant sérieux au titre, avait été sur le point de l'enrôler avant qu'un changement de propriétaires à Aston Villa ne fasse capoter le deal.
En 2020, Manchester United avait aussi semblé très intéressé, mais Grealish avait fait son choix: ce serait City ou rien. Un an plus tard, le transfert s'est donc fait.
Sur le papier, le mariage ne va pourtant pas de soi.
Joueur de percussion balle au pied, qui aime porter la balle sur 20 ou 30 mètres et provoquer son adversaire, il n'entre pas vraiment dans le schéma de City où la passe et les courses sans ballons sont reines.
Mais Grealish n'a pas son pareil pour semer le danger dans la défense adverse.
La saison passée, il avait été le deuxième meilleur créateur d'occasions en moyenne sur 90 minutes derrière Kevin de Bruyne, et le premier hors-phases arrêtées.
Il est aussi le joueur de Premier League qui a subi le plus de fautes,ces deux dernières saisons, avec plus de 4 fautes par match en moyenne, très souvent dans les 30 derniers mètres.
"Encore meilleur à l'avenir"
Si les coups de pied arrêtés, hors pénalty, n'ont représenté qu'environ 15% des buts inscrits par City l'an dernier, les 2 coups-francs par match sifflés en moyenne cette saison sont autant de cartouches en plus.
Très précieux dans les petits espaces, discipliné, avec un excellent oeil pour les passes millimétrées, Grealish a aussi une bonne frappe de balle et de réelles capacités de finition devant le but.
Utilisé pour le moment comme ailier gauche, en reléguant Raheem Sterling sur le banc, sa capacité à déborder comme à repiquer vers le centre font de lui un joueur précieux pour attaquer le "demi-espace", ce couloir entre l'aile et l'axe du terrain si cher à Pep Guardiola.
A terme, il pourrait aussi être utilisé au poste de 8 souvent dévolu à Ilkay Gündogan.
Avec 2 buts et 2 passes décisives en 8 matches, toutes compétitions confondues, ses premiers pas ont en tout cas séduit Pep Guardiola, habitué à façonner des joueurs pour les amener là où beaucoup doutaient qu'ils arriveraient, à l'instar de Riyad Mahrez ou même Kevin de Bruyne.
"J'ai le sentiment qu'il joue de mieux en mieux jour après jour, à différents points de vue, et je suis sûr qu'il sera encore meilleur à l'avenir", avait dit de lui Guardiola après le match de C1 contre Leipzig (6-3) où il avait été buteur et passeur décisif.