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Changements à tout-va, finances en berne : cinq années mouvementées pour Marc Coucke à Anderlecht

Marc Coucke fête ses cinq ans comme président du club.

© Belga

Il y a cinq ans, Marc Coucke devenait propriétaire du Sporting d’Anderlecht en rachetant le club à Roger Vanden Stock. Depuis, l’organigramme et le staff ont beaucoup bougé, les grandes dates étant compilées par Le Soir, mais les résultats n’ont pas suivi.

Des coaches et des intérims à la pelle

Dix entraîneurs différents en cinq ans, soit une moyenne de deux par an. C’est le bilan peu glorieux de Marc Coucke à la tête du club bruxellois. Un an après son arrivée, le président débarque Hein Vanhaezebrouck, coupable de n’être que quatrième au classement et d’avoir pris un petit point sur ses quatre derniers matches. Après un intérim express de Karim Belhocine, le Néerlandais Fred Rutten arrive mais ne reste que 13 petits matches. Les claques subies à Genk (3-0) et au Standard (5-0) en play-offs ont raison de lui. Belhocine est de nouveau appelé à la rescousse pour terminer la saison mais n’est pas prolongé ensuite.

À l’issue d’un exercice désastreux terminé à la sixième place, Coucke frappe un grand coup de communication en ramenant Vincent Kompany dans un rôle hybride de joueur et d’assistant. Officiellement, l’entraîneur en charge est Simon Davies, pourtant sans vraie expérience en tant qu’entraîneur principal à ce niveau. Le Gallois ne reste que trois mois avant que le Sporting ne soit rétrogradé dans la hiérarchie : place à Frankie Vercauteren après un nouvel intérim d’un match de Jonas De Roeck.

La situation particulière tient durant un an malgré les différences évidentes de philosophie entre le nouveau T1 des Mauves et son capitaine emblématique. En août 2020, la direction tranche dans le vif en remerciant Vercauteren et en offrant à Kompany, nouvellement retraité, son premier costume officiel de T1. Deux ans plus tard, Vince the prince quitte le navire et est remplacé par Felice Mazzù, tout juste champion avec l’Union. Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas et l’entraîneur belgo-italien est limogé. L’entraîneur des jeunes, Robin Veldman, assure un nouvel intérim avant la nomination de Brian Riemer, pourtant jamais T1 d’une équipe première, qui va donc vivre son baptême du feu ce mercredi.

Une direction illisible

Il n’y a pas qu’au niveau du staff technique que le bât a blessé durant cinq ans. Au niveau de la direction, les changements ont également été récurrents. Quelques mois après son arrivée, Coucke vire Herman Van Holsbeeck pour le remplacer par Luc Devroe, avec qui l’aventure à Ostende s’était bien passée. Devroe ne reste que neuf mois avant de céder son siège à Michael Verschueren. En 2019, Frank Arnesen est nommé directeur technique mais ne reste même pas une année.

Début 2020, toute la structure évolue, Karel Van Eetvelt est notamment nommé CEO et Peter Verbeke directeur sportif. Au mois de mai, Wouter Vandenhaute, nommé conseiller externe quatre mois plus tôt, devient président à la place de Coucke. En janvier dernier, Verbeke monte en grade en devenant CEO du club avant de mettre ses activités au sein du club entre parenthèses au mois d’octobre pour des raisons de santé. Un mois plus tard, la direction engage un nouveau directeur sportif : Jesper Fredberg.

Des difficultés financières qui se ressentent sur le sportif

La situation financière du Sporting est compliquée, très compliquée même. Les transactions de gros sous en haut lieu ont accompagné Coucke tout au long de son mandat. Les recapitalisations, de nouvelles injections d’argent frais et les plans financiers pour sauver le club de la faillite ont émané ces dernières saisons pour un résultat plus que discutable avec des pertes récurrentes.

Si Coucke a souvent pointé "les innombrables cadavres découverts dans le placard" pour défendre son bilan, il faut dire que la direction sportive ne l’a pas aidé dans ce sens en réalisant plusieurs transferts complètement ratés à hauts prix. On peut notamment citer les cas de Bubacarr Sanneh (8M€), Michel Vlap (6,9M€), Mustapha Bundu (2,8M€) ou encore Kenny Saief (3,7M€) pour ne citer qu’une petite partie d’entre eux. Sans oublier le salaire mirobolant offert à Adrien Trebel qui a plombé les finances du club.

Au-delà des choix plus ou moins convaincants, la situation financière empêche le club de se stabiliser, ce qui l’handicape chaque saison, étant forcé de reconstruire à chaque fois. Le meilleur exemple concerne son attaque. Cette saison Fabio Silva et Sebastian Esposito sont venus avec la mission d’alimenter le marquoir. La saison passée, c’étaient Joshua Zirkzee et Christian Kouamé qui avaient succédé à Lukas Nmecha, lui-même remplaçant de Kemar Roofe. Avant lui, Ivan Santini et Landry Dimata étaient à ce poste. En dehors du dernier cité qui est resté un an et demi et de Benito Raman, loin d’être titulaire indiscutable depuis son arrivée l’an passé, ils sont tous restés qu’une petite saison. Difficile de faire pire concernant la continuité.

Bricoler pour s’en sortir

Au bout de cinq ans, Marc Coucke présente un bilan difficile à défendre. Alors que le club avait toujours vécu l’Europe depuis 1964, le club a connu deux saisons sans compétition continentale sous sa présidence. À cela, il faut ajouter l’absence totale de titre et une incapacité à jouer les tout premiers rôles, Anderlecht n’ayant jamais terminé dans le top 2 en championnat. Si les Mauves ont réussi cette saison à passer l’hiver européen, la situation en championnat est dramatique avec une pauvre onzième place, à treize points du top 4 qui semble d’ores et déjà être un objectif à oublier.

Malheureusement, la situation financière continue de poser problème. Si certains jeunes pourraient, à terme, rapporter pas mal d’argent, on ne devrait pas approcher les sommes reçues pour Youri Tielemans ou Leander Dendoncker par le passé. Le club va donc continuer à devoir bricoler pour s’en sortir. Auréolé d’une nouvelle direction sportive et technique, Anderlecht va devoir se mettre au travail en janvier pour sauver sa saison mais également pour déjà préparer la suivante qui s’annonce décisive. Si la situation ne s’améliore pas rapidement, Marc Coucke pourrait bien regretter d’avoir acheté le club le plus titré du pays qui n’en n’a plus l’apparence. Pourra-t-il la retrouver sous sa présidence ? La patience est la meilleure des vertus mais les supporters ne comptent pas attendre indéfiniment.

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