Chanter pour retrouver ses mots : la chorale, outil de rééducation pour les personnes aphasiques

"En février 2014, j’ai eu un accident de voiture entraînant un grave traumatisme crânien." Avec patience, détermination et beaucoup d’hésitations, Philippe parvient à raconter comment il est devenu aphasique. Sa voix sonne rauque, son énonciation est saccadée. Pour s’aider, il avait préparé son texte par écrit.

"L’aphasie peut être due à un accident de la route ou encore un AVC", explique Florence Arnold, neuropsychologue et fondatrice de la chorale. "C’est une lésion cérébrale dans l’hémisphère gauche, celle qui s’occupe du langage, qui provoque ces difficultés à parler."

Le chant permet de solliciter l’hémisphère gauche du cerveau, qui gère la parole, et l’hémisphère droit, qui gère la musique.

Puis viennent les chants : les choristes les connaissent par cœur. "Je ne savais pas chanter. C’est quand on a vu qu’on pouvait chanter grâce à.. Je ne sais plus… Florence ! Maintenant, j’arrive à trouver les mots", bredouille Marcel.

"La chorale a de nombreuses vertus, confirme Florence Arnold. Elle a des effets positifs sur la communication : ça va diminuer le manque du mot, améliorer l’expression spontanée. Puis il y a les effets adjacents, notamment au niveau de la cognition, donc la mémoire, l’attention, la qualité de la voix, donc la prosodie et puis le bien-être, la bonne humeur."

Les activités comme la chorale leur permettent de rompre l’isolement et leur permettent de s’exprimer, partager et échanger.

L’effet de groupe est également porteur et la dimension sociale cruciale. "C’est… C’est bon pour moi, exprime Maurice, aphasique depuis 46 ans. Je suis seul mais autour de moi, enfin… la chorale c’est bénéfique pour moi." Catherine Pieters, logopède participant aux répétitions envoie d’ailleurs certains de ses patients vers l’ASBL Ensemble Aphasie : "Ces patients sont souvent demandeurs de rencontrer d’autres personnes qui ont la même chose qu’eux. Les activités comme la chorale leur permettent de rompre l’isolement et leur permettent de s’exprimer, partager et échanger."

"C'est un bon moyen d'extérioriser" assure Philippe. "Les Lions Chantants" ont d'ailleurs écrit un morceau pour revendiquer leurs droits, pas toujours évidents à exprimer : "Tout ne roule pas bien, Madame la ministre."

À écouter ici :

"La personne qui souffre d'aphasie ne trouve pas ses mots mais ce n'est pas pour ça qu'elle n'a pas toutes ses idées bien claires" épingle Cécile Marchal, la maman d'Olive, membre de la chorale. "C'est une femme adulte qui sait ce qu'elle veut dire mais qui a perdu la clé pour la boite mots." Une femme de 31 ans, qui retrouve petit à petit ce qu'elle a perdu. "Depuis que la chorale existe, donc depuis septembre 2021, elle fait beaucoup de bien à tout le monde, tant dans l'art de parler qu'au niveau mental. Je vois une évolution évidente."