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Charleroi : un petit millier d’enseignants manifestent contre plusieurs réformes

Enseignement / Action et manifestation dans le Hainaut

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Classes bondées, réforme de l’enseignement qualifiant, plans de pilotage, avant-décret d’un nouveau système d’évaluation. Voici les quatre raisons de la colère des enseignants. Quatre axes du Pacte pour un enseignement d’excellence. Et cette colère, à l’appel de tous les syndicats du monde de l’enseignement, ils sont venus l’exprimer à Charleroi. Pourquoi Charleroi ? Parce que c’est là que Paul Magnette est bourgmestre. Mais c’est en sa qualité de président du parti socialiste qu’une délégation syndicale l’a rencontré. Car le PS est aussi le parti de Caroline Désir, la ministre en charge de l’enseignement à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Parmi les calicots affichés par les manifestants, plusieurs s’adressaient d’ailleurs directement à elle : "Désir, tu nous agaces. Viens voir dans nos classes !" ou encore "Désir : démission. Tu n’es plus désirée".

© Nicolas Rondelez

Des classes trop nombreuses et de plus en plus difficile à gérer

Parmi les manifestants, Marie-Françoise Merget. Elle enseigne les mathématiques au sein de l’Institut Saint-André de Charleroi. Forte d’une carrière de 32 ans, elle ne décolère pas : "on en a marre. Marre d’avoir des classes trop nombreuses. On veut y ajouter des enfants de l’enseignement spécialisé et encore augmenter la taille des classes". En 32 ans, elle a évidemment eu l’opportunité de constater une évolution à l’école : "chez les élèves, je constate de moins en moins de compétences. On est pour le Pacte d’excellence mais je crains que ça n’ait pas les effets escomptés. Les élèves n’ont plus le goût de l’effort. Et je le répète, si on y ajoute des élèves de l’enseignement spécialisés qui ont besoin d’aménagements spécifiques, c’est très difficile pour un professeur de s’occuper de ces enfants avec attention".

C’est non, donc à la réforme de l’enseignement qualifiant tel que proposée par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Une réforme qui concerne également le fameux "tronc commun", un même enseignement jusqu’au terme de la troisième secondaire. Romain Moerman, professeur de sciences, est sceptique : "On nous demande de plus en plus de choses. On nous demande d’accueillir des enfants qui ont des soucis de type dyslexie, dyspraxie, de dyscalculie. On doit également servir d’éducateur car, malheureusement, de plus en plus de parents ont perdu la capacité de bien éduquer leurs enfants. Alors on est pour des changements car il doit y en avoir, mais en ce qui concerne ce tronc commun, attendre la fin de la troisième année pour évaluer et orienter, est-ce que ce ne sera pas trop tard".

© Nicolas Rondelez

"On en a marre qu’on remette toujours en cause notre professionnalisme"

L’autre gros dossier qui mobilise les enseignants, c’est l’avant-décret qui doit introduire un nouveau système d’évaluation des enseignants. Paul Faicheur, professeur d’économie en dresse les contours :"je suis contre un système d’évaluation par la direction des établissements scolaires. Il faut des évaluations et il y en a d’ailleurs déjà. Mais elles doivent être faites par des inspecteurs et pas par la direction d’une école. Elles doivent être balisées, également. Dans le temps. Cela semble assez saugrenu d’évaluer un prof de 55 ans alors qu’il a déjà passé un bon bout de carrière dans l’enseignement". Christelle Cuisenaire, professeur de français à l’Institut Notre-Dame de Thuin, elle, conteste le côté punitif du système d’évaluation proposé : "il faudrait que chaque direction voit au moins une fois tous les trois ans chaque professeur. Vous imaginez le boulot pour les directeurs ? Et puis au bout de trois évaluations négatives, la sanction pourrait être le renvoi. Si votre direction ne vous apprécie pas, vous risquez simplement d’être licencié. On est en pénurie dans l’enseignement. Je crois que les politiques ne se rendent pas compte de ce que tous les problèmes que cela va engendrer". Enfin, Marie Françoise Merget, notre professeur de mathématique, ponctue : "On en a marre qu’on remette toujours en doute notre professionnalisme !"

Sur ce point du nouveau système d’évaluation, les syndicats semblent avoir obtenu de Paul Magnette que le projet soit renvoyé en discussion devant le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Reste à voir ce qu’en diront Georges-Louis Bouchez, du MR et le duo Maouane/Nollet, d’Ecolo. Les syndicats rencontreront en cours de semaine les présidents des trois parties qui se partagent les fonctions au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

© Nicolas Rondelez

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