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Charleroi va accueillir la plus grosse usine à satellites d’Europe

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C’est un projet d’ampleur qui signe un des éléments clés de la relance économique de Charleroi et de la Wallonie. "À terme, 500 satellites devraient sortir chaque année de la future usine qui va s’installer à Marcinelle", explique Benoit Deper, patron d’Aerospacelab. "Nous avons quitté le statut de start-up pour grandir et doubler notre personnel chaque année. Nous en sommes à 130 personnes et nous comptons arriver à 260 travailleurs l’année prochaine." Et les choses concrètes approchent. Le début des travaux de construction de l’usine est annoncé pour cet été.

Les satellites d’Aerospacelab serviront "à l’observation de la terre. On a besoin d’un grand échantillonnage, de nombreuses images avec des outils différents pour observer notre planète. Surveiller les conséquences des changements climatiques par exemple. Les satellites tournent en orbite autour de la terre donc ils ne passent que 7 minutes par jour au-dessus de la Belgique, par exemple. Il faut beaucoup plus de données pour avoir une vision complète." La demande serait donc très forte et, selon les responsables d’Aerospacelab, "il n’y a aucun autre projet de même ampleur en Europe".

Des développements en matière de défense pour l’OTAN

L’observation n’aura pas que des débouchés civils. Selon le secrétaire d'Etat, Thomas Dermine, les satellites "peuvent avoir un principe de dual use. Une utilisation mixte. La Défense est très intéressée par le développement de la cybersécurité et de la sécurité spatiale. Et on sait qu’un euro dépensé dans la Défense ne vaut pas un autre euro. Si on investit dans des F-35 américains, les retombées en termes d’emplois et d’industrialisation seront faibles chez nous. Si, par contre on investit dans des satellites utilisés pour du renseignement en matière de défense, on se rend compte que tout peut être produit ici, et dans ce cas-ci, à Charleroi.

Confirmation du commissaire européen, Thierry Breton : "Il y a un enjeu majeur à développer l’autonomie de notre filière spatiale. Nous ne pouvons pas dépendre des Russes ou des Chinois pour développer notre présence dans l’espace. On l’a vu au-dessus de l’Ukraine. Un satellite a fait l’objet d’une attaque. Donc le ciel, et l’espace sont des éléments clés en matière de défense. Même si les développements civils sont importants et nombreux. Comme les GPS et le WIFI qui permettra de fournir de la connexion aux zones reculées."

L’enjeu pour la Défense belge sera de tenter de ne plus dépendre de la bande passante utilisée sur les satellites américains, principalement. On appelle ça des parts d’usage dont la Belgique est propriétaire avec les pays voisins. Comme une sorte de location de satellite qui ne vous appartient pas. Pour la ministre de la Défense Ludivine Dedonder, "il faut faire face à de nouvelles menaces notamment à l’Est du continent européen. Et nous devons continuer à collaborer avec les pays européens. C’est bien d’avoir un satellite belge. Mais c’est surtout important de travailler tous ensemble sur une constellation de satellites utile à notre défense européenne."

Reportage dans notre JT de 13h (mercredi 15 juin)

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Mais il existe déjà une usine à satellites à Charleroi !

Comment l’entreprise Thalès Alenia Space prend-elle la nouvelle ? Elle qui développe déjà des satellites à Charleroi depuis des années. L’entreprise engage déjà plusieurs centaines de travailleurs à Mont-Sur-Marchienne. "Mais les développements d’Aerospacelab ne sont pas une concurrence", explique Thomas Dermine. "Quand on crée un pôle, une région spécialisée dans un secteur, on crée des liens et des développements en collaboration. On attire surtout des talents qui vont graviter autour des différents projets." Et là, la carte académique peut être aussi posée sur la table. Les universités, écoles et centres de formations vont pouvoir se mobiliser pour former du personnel local spécialisé. Voilà pour les sourires de façade. Dans les coulisses, ça grincerait tout de même un peu des dents. Il va falloir probablement trouver de nouveaux équilibres.

Et comment on va encore pouvoir observer les étoiles avec tous ces satellites carolos ?

Sur cette question, et celle des déchets spatiaux en gravité autour de la terre, tout le monde se tourne vers le commissaire européen, Thierry Breton. "Il va en effet falloir imposer des règles en la matière. On ne pourra pas laisser tout faire. C’est une question que nous gardons à l’esprit." On verra donc plus tard. L’heure est aux célébrations. Et au coup de boost carolo assumé dans le domaine spatial européen civil et militaire. Inauguration prévue fin 2024.

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