Pour Charles Dantzig, Proust est un écrivain simple, si on le compare par exemple à Joyce, qui, dans Ulysse, emploie des néologismes, des mots compliqués, des références. Proust est assez peu imagé, il est plus comparatif, il n'a pas de références permanentes à un fonds de culture.
Il n'y a pas nécessairement quelque chose à comprendre en lisant Proust. Il n'est pas là pour délivrer un savoir, mais il est là pour délivrer une manière d'être dans la vie. C'est une manière à la fois sceptique et idéaliste.
Le roman peut être lu comme une destruction des réputations, que ce soit les personnages, les idées, le narrateur. (...) Proust détruit d'abord, il détruit les réputations pour quelque chose de plus élevé, qui est son idéal et qui est la création. Pour lui, tout cède devant l'art supérieur, qui est pour lui la littérature.
Le narrateur n'est pas Proust, mais une sorte de faux jumeau de l'auteur. Il est hétérosexuel, alors que Proust était gay. Il est chrétien, alors que Proust était juif par sa mère. Il monte à cheval, alors que Proust détestait les animaux.
"Tout roman est une autobiographie, mais cela ne passe pas nécessairement par l'identité avec le moi, précise Charles Dantzig. Tout roman est une bonne autobiographie parce qu'il parle d'éléments de sensibilité qui nous ressemblent et qui sont en nous."