C’est un collège communal sous haute tension qui s’annonce, ce jeudi, à Chastre. Les mandataires de "Chastre 20 +" emmenés par le bourgmestre libéral Thierry Champagne et les mandataires du partenaire Ecolo divergent sur le dossier de demande d’implantation d’éoliennes sur le plateau de Chastre. Le bourgmestre estime devoir défendre un important front de riverains opposés au projet ; mais le partenaire Ecolo affirme qu’il est surtout grand temps d’avancer en matière d’énergie verte.
Pour rappel, le dossier oscille depuis dix ans entre octrois de permis et recours de riverains devant le conseil d’Etat. Mais le projet revient cette fois à la une de l’actualité locale avec la volonté du promoteur éolien Aspiravi de relancer le dossier, malgré l’annulation récente par le conseil d’Etat du permis délivré par le ministre wallon Philippe Henry (Ecolo) en 2014.
Une nouvelle consultation publique débutera le 17 mars. Le dossier, qui comprend une réactualisation de l’impact des éoliennes sur l’environnement, pourra être consulté à la maison communale jusqu’au 15 avril prochain.
Stop and go
Le mois dernier, le conseil d’Etat a donc annulé le quatrième permis d’installation de 6 éoliennes, pour une question de procédure. Une victoire pour certains riverains opposés au projet. Une déception pour Ecolo, partenaire d’une coalition divisée sur le sujet. "Le permis a été bloqué par le conseil d’Etat à cause d’une voirie temporaire mais irrégulière, en vue du futur chantier. "Ce n’est donc pas un blocage sur le fond", souligne l’échevin Ecolo Jean-Marie Thiry. "Je comprends que des riverains s’inquiètent d’éventuelles nuisances. C’est pour cela qu’il faut rediscuter avec Aspiravi, avec les riverains et avec la Région wallonne. Mais je rappelle qu’au départ, le projet envisageait 10 moulins à vent. On n’est plus qu’à 6 éoliennes aujourd’hui. Et il y a des compensations prévues et des accords avec les agriculteurs du site convoité. Il faut en tout cas aller de l’avant, car il y a une urgence climatique et il faut doper les énergies vertes. A la Convention des Maires, on s’est engagés à réduire de 40% nos rejets de CO2 à l’horizon 2030. Les éoliennes pourraient contribuer à cet effort à raison de 70%. Il n’y a pas qu’Ecolo à devoir se préoccuper de cette problématique. Tout le monde doit s’impliquer. La Région wallonne s’est par ailleurs engagée à développer l’éolien. Il faut donc trouver des terrains d’accueil pour ces mâts".
Du côté de la formation du bourgmestre, le libéral Thierry Champagne, on se dit ouvert à l’éolien mais on estime que le site actuel ne convient pas. Un avis d’ailleurs partagé par l’opposition. Poussé dans le dos par des riverains inquiets, le groupe "Chastre 20 + " réclame la réouverture des débats et prône la recherche d’alternatives. "Nous avions un accord de majorité pour prendre en compte une importante fronde des habitants", explique Thierry Champagne. "Nous devons tenir compte des riverains. Car le problème principal, c’est que le plateau de Chastre est central et situé à proximité de 6 villages. D’autres sites pourraient peut-être mieux convenir aux habitants. Aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir été consulté par Aspiravi ou par la Région. D’autant qu’on repart avec un projet identique en ajoutant seulement des éléments supplémentaires en matière d’étude d’incidence. Je pense qu’il faut tous se remettre autour de la table".
Aspiravi s’accroche
Loin d’être découragé par la récente annulation du permis décidée par le conseil d’Etat, le promoteur éolien "Aspiravi" s’accroche. La société relance son projet, basé sur 6 éoliennes, moyennant des informations supplémentaires en matière d’impact sur l’environnement. "Nous actualisons ce volet et nous maintenons notre projet car nous pensons vraiment que c’est un bon projet", souligne An Schaubroeck, porte-parole de la société Aspiravi. "Nous devions actualiser le dossier d’incidence car l’octroi du permis remonte à 2014. Aujourd’hui, nous défendons d’autant plus notre projet éolien que notre pays doit développer sa production d’énergie locale et réduire sa dépendance énergétique internationale".
Le public est invité à consulter le dossier dès le 17 mars au service urbanisme de la commune. De son côté, le Collège de Chastre rendra un avis. Le dossier sera ensuite transmis au gouvernement wallon qui devra trancher.