Brabant wallon

Chastre : exhumation de masse dans un cimetière pour laisser la place aux nouvelles sépultures

Un des nouveaux ossuaires installés dans le cimetière de Cortil-Noirmont (Chastre). Ces ossements humains proviennent des sépultures exhumées. Une exhumation nécessaire pour libérer des emplacements destinés aux concessions futures.

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216 : c’est le nombre de sépultures en cours d’exhumation, depuis mercredi, dans le cimetière de Cortil-Noirmont, à Chastre !

Pour mener cette opération d’envergure et délicate, dans un lieu éminemment sacré, la commune a fait appel à une société privée spécialisée dans ce type d’intervention, l’unique fossoyeur communal étant déjà très occupé avec la gestion des 5 cimetières chastrois toujours "en activité". Objectif de cette grande opération d’exhumation : faire de la place pour de nouvelles concessions, le site étant totalement occupé.

"Il y a des tombes centenaires qui ont été oubliées, des sépultures abandonnées ou qui ne sont plus entretenues depuis des années", explique Anne-Catherine Duquenoy, responsable du service Etat civil Population. "Ces 216 sépultures, sur les quelque 500 que compte ce cimetière, doivent être exhumées au plus tard pour le 15 avril. Mais si les conditions météorologiques le permettent, nous devrions pouvoir terminer dans environ 8 jours. L’espace récupéré doit permettre de créer notamment des nouveaux caveaux, des cavurnes et des columbariums".

En amont de cette opération, la commune a dû avertir les familles. "Nous avons placé des affiches. Nous avons rencontré des familles pour leur expliquer le but de cette exhumation et de ce réaménagement de la zone. Pour certaines tombes (abandonnées), il a fallu faire des recherches. Ce travail préparatoire a nécessité des années de travail. Malheureusement, de 2022 à début 2023, le dossier a stagné. Mais nous avons pu le réactiver récemment. Aujourd’hui, les travaux avancent. De nouveaux ossuaires ont par exemple été installés. On y dépose les restes humains provenant des vieilles sépultures exhumées".

Pour certains habitants, ces exhumations peuvent déranger. "Il y a eu quelques mécontents et quelques personnes inquiètes", nous a expliqué un riverain. "C’est un sujet sensible. On touche à la mort".

Exhumation réglementée

Eddy Bultot, fossoyeur communal, veille aux sépultures des enfants. Ce type de sépulture ne peut pas être exhumé ! C’est aussi le cas des tombes d’anciens combattants. Sauf si leurs ossements sont déplacés dans un ossuaire spécifique.
Eddy Bultot, fossoyeur communal, veille aux sépultures des enfants. Ce type de sépulture ne peut pas être exhumé ! C’est aussi le cas des tombes d’anciens combattants. Sauf si leurs ossements sont déplacés dans un ossuaire spécifique. © RTBF jch

La procédure d’exhumation est réglementée de manière stricte. "On ne peut pas faire n’importe quoi", souligne Thomas Host, conducteur de chantier de la firme spécialisée en charge de l’opération. "Le personnel doit être formé. Nous avons des machines. Mais il faut aussi utiliser ses bras, dans certains cas. C’est un travail difficile physiquement, mais parfois aussi, psychologiquement. Par ailleurs, certaines sépultures doivent être conservées. On les déplace en zone conservatoire (les restes humains sont déposés dans de nouveaux cercueils) ou dans un endroit défini par l’administration communale. De son côté, la Région définit certains éléments qui ont une valeur patrimoniale et qui doivent être sauvegardés. C’est par exemple le cas d’éléments en pierre bleue ou de croix en fonte. Ils sont adaptés et déplacés ailleurs dans le cimetière. Par contre, d’autres tombes partent en décharge, car considérées comme inexploitables".

Autre réglementation à respecter : le respect des procédures relatives aux sépultures des enfants et des anciens combattants. Eddy Bultot, fossoyeur communal, y veille ! "Les sépultures des enfants, pas question d’y toucher ! Ce type de tombe ne peut pas être exhumé ! C’est aussi le cas des tombes d’anciens combattants. Sauf si leurs ossements sont déplacés dans un ossuaire spécifique".

S’adapter et évoluer

Anne-Catherine Duquenoy et Thomas Host.
Anne-Catherine Duquenoy et Thomas Host. © RTBF jch

Dans le but d’améliorer la gestion future de ses cimetières, Chastre, comme de nombreuses autres communes, repense l’aménagement de ses nécropoles. Ici comme ailleurs, on doit tenir compte d’impératifs réglementaires, mais aussi, de l’évolution des mœurs. De plus en plus de personnes se tournent vers l’incinération, par exemple. Une partie des cendres doit pouvoir être dispersée dans une zone définie. Une autre doit pouvoir être recueillie dans des columbariums. "Nous voudrions aussi que les nouveaux ossuaires soient moins impersonnels, avec des plaquettes nominatives, par exemple", explique Anne-Catherine Dequenoy. "Nous devons aussi verduriser les cimetières. Ne plus utiliser de pesticides, évidemment ! En faire des lieux plus accueillants".

Sur le même sujet : JP VivaBW (28/03/2023)

Chastre : exhumation de masse dans un cimetière pour laisser la place aux nouvelles sépultures (J.C Hennuy 28/03/2023)

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