Face à la pénurie de médecins généralistes, tous les Belges ne sont pas égaux. Certaines communes sont plus touchées que d'autres. En Wallonie, plus de la moitié des communes sont en pénurie.

Cela pourrait s'expliquer en partie par les horaires pratiqués par la nouvelle génération de médecins. C'est une enquête d'"On n'est pas des Pigeons".

Chiny - 5228 habitants - 1 médecin

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Commençons cette enquête en province de Luxembourg, à Chiny, 5228 habitants et ...1 médecin généraliste ! La commune est en pénurie grave (plus de 2000 habitants pour un seul médecin).

On refuse entre un et six ou sept patients par semaine.

La doctoresse Justine Perdaens ne prend plus de nouveaux patients depuis un an et demi, excepté les patients du petit village de Prouvy où elle a établi son cabinet. Elle a décidé de ne pas aller au-delà de ses limites. Elle essaie de ne pas pratiquer plus de 60 heures par semaine, sans compter les gardes.

Ne pas avoir accès à un médecin généraliste, c'est catastrophique.

Pourtant, il y a de la demande : "On refuse entre un et six ou sept patients par semaine, donc c'est quand même beaucoup. Donc, oui, c'est interpellant, parce que notre but de médecin, c'est d'aider les gens. C'est très frustrant de devoir refuser des patients. On sait que la médecine générale est la pierre angulaire des soins de santé. Donc, ne pas avoir accès à un médecin généraliste, c'est catastrophique".

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"J'ai téléphoné à treize médecins"

La situation est tendue dans la région. Nous avons essayé de trouver un médecin qui accepterait un nouveau patient. Pour les urgences, pas de problème. Mais pour un suivi à long terme, c'est beaucoup plus compliqué. Comme à Meix-devant-Virton.

Il s'est fait refouler treize fois. J'étais le quatorzième.

Confirmation chez le Dr. Alain Decerf : "Tous les jours pratiquement, j'ai des gens qui appellent et qui sont à la recherche d'un médecin. Ce matin, il y en a un qui a téléphoné en disant qu'il avait déjà téléphoné à treize médecins différents et il s'est fait refouler treize fois. J'étais le quatorzième". 

Deux jeunes médecins pour remplacer un médecin senior

Que se passe-t-il ? Quelles sont les causes de cette pénurie ? Elles sont multiples ! L'une d'entre elles, selon le président du Groupement Belge des Omnipraticiens, Paul De Munck, c'est la relève par la nouvelle génération des médecins qui arrivent à l'âge de la retraite : "Aujourd'hui, quand un médecin part à la retraite, il faut savoir qu'on doit le remplacer par 1,5 équivalent temps plein, c'est-à-dire qu'il faut presque deux nouveaux médecins pour remplacer la pratique d'un médecin senior qui s'en va à la retraite. Ils travaillaient plus et les plus jeunes veulent justement préserver la qualité de leurs soins en respectant un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée". 

Equilibre entre vie professionnelle et vie privée

Nous avons rencontré une jeune doctoresse à Andenne et un médecin pratiquant encore au-delà de l'âge de la retraite à Quaregnon. Les deux communes sont en pénurie "simple" (un médecin pour plus de 1100 habitants). C'est clair, leur organisation du travail est complètement différente. 

... même les jeunes médecins hommes n'ont plus envie d'une vie 100% axée sur leur travail.

La Dr. Pauline Fastré pense à sa situation familiale: "On essaie d'aménager les horaires pour ne pas finir tous les jours à 19h00-20h00, pour essayer d'avoir un équilibre avec mon compagnon, et pour pouvoir quand même voir ma fille à la maison".

Le Dr. Nicolas Di Giacomo témoigne: "Ma femme rouspète toujours que je ne sais pas dire "non", mais moi, quand je vois les gens qui ont une plainte, il faut les soulager"

C'est vraiment une dévotion et un sacerdoce.

La Dr. Pauline Fastré explique: "Maintenant, c'est vrai que la profession se féminise, mais même les jeunes médecins hommes n'ont plus envie d'une vie 100% axée sur leur travail".

Et selon le Dr. Nicolas Di Giacomo : "C'est vraiment une dévotion et un sacerdoce. C'est quasi un travail de curé. Il faut vraiment se confier et se sacrifier pour les gens"

"Impulseo" et "cabinet tremplin"

© Source : AVIQ

Parmi les solutions pour réduire la pénurie,

  • il y a le dispositif "Impulseo" qui propose des primes de 20000 à 25000 euros pour attirer les médecins dans les zones les plus touchées.
  • Il y a également les "cabinets tremplin". Ils sont subsidiés par la Région wallonne .. comme à Meix-devant-Virton où la Région a accordé un subside de 200000 euros pour l'établissement de deux médecins. "Ce cabinet m'a permis de m'installer directement après l'assistanat", témoigne la doctoresse Victoria Henrard, "sans investissement financier, sans pression financière. Sans cela, je ne me serais pas installée comme médecin généraliste". 

Si vous cherchez un médecin de famille et que vous vivez dans une des 136 communes en pénurie, en Wallonie, il vous faudra encore persévérer dans vos recherches !
 

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