Mode

Chez Dior, des robes miniatures haute couture, comme en temps de guerre

La collection est réduite à 36 looks de 40 cm que peut contenir une malle en forme du bâtiment situé 30 avenue Montaigne, siège historique de Dior à Paris, avec des sandales et bibis à voile minuscules.

© FRANCOIS GUILLOT/AFP

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Par RTBF TENDANCE avec AFP

L'expérience au temps du Covid et de la Fashion Week virtuelle s'inspire du Théâtre de la mode, ce spectacle itinérant à base de poupées présentant le savoir-faire français en matière de mode pendant la Seconde Guerre mondiale, explique Maria Grazia Chiuri, créatrice italienne des collections femme de la maison française.

"Nos clientes ne pourront pas venir à Paris et cette collection voyagera vers elles" dans le monde entier avec des échantillons de tissus et de broderies, souligne-t-elle.

La collection est réduite à 36 looks de 40 cm que peut contenir une malle en forme du bâtiment situé 30 avenue Montaigne, siège historique de Dior à Paris, avec des sandales et bibis à voile minuscules.

Une collection mise en scène par Matteo Garrone

Cette malle qui voyage dans un monde fantastique de sirènes et de nymphes est le personnage principal du film de 10 minutes réalisé par l'Italien Matteo Garrone, auteur de "Dogman" et "Gomorra", récompensés à Cannes, pour présenter cette collection.

"Le film a été tourné à Rome en trois semaines et le 'challenge' était de ne pas être trop cérébral et de toucher au cœur", a déclaré le réalisateur au cours d'une conférence de presse après la projection du film, qui a été visionné par plus d'un million de personnes en deux heures. "Voir cette malle avec des petites robes, c'était en soi un conte de fées", a-t-il ajouté.

Dior Autumn-Winter 2020-2021 Haute Couture

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Le défi de la couture miniature

Pour la première fois, il y a une robe de mariée. Si Maria Grazia Chiuri en a dessiné pour des clientes célèbres comme la blogueuse italienne Chiara Ferragni, aucun des défilés de cette féministe n'a été clos par un look de mariée comme le veut la tradition de la haute couture.

"Elle est en guipure avec cette dentelle un peu épaisse. La particularité de cette dentelle est qu'il n'y a pas de coutures, on imbrique les motifs les uns dans les autres et on réapplique des petites feuilles, des petites fleurs dessus pour que cela prenne du relief et ait un effet 3D", explique une couturière qui travaille sur cette pièce et dont on ne peut pas dévoiler le nom.

Confectionner une robe miniature est parfois plus compliqué que son équivalent en taille réelle.

"Il y a exactement le même travail. La difficulté supplémentaire vient du fait que c'est tout petit, très minutieux, la taille de nos mains n'est pas forcément adaptée, il faut se faire greffer des mains d'enfant !", plaisante une autre couturière qui travaille sur une robe de soie plissée. "En temps normal, on a des plis de 4 mm, ici c'est sur un millimètre."

Malgré les capacités de production réduites, les couturières sont ravies de cette expérience inédite après le confinement :"Chaque fois qu'on peut explorer de nouvelles choses, c'est toujours intéressant et le rendu est charmant", confie l'une d'elles.

Le rêve comme réponse à la pandémie

"J'ai été confinée à Rome et dans ces moments difficiles, même dramatiques, j'avais besoin de rêver pour me détacher de la réalité et pouvoir créer", raconte Maria Grazia Chiuri, en disant s'être inspirée des femmes artistes surréalistes dont Lee Miller, Dora Maar et Jacqueline Lambda. "La réalité du surréalisme, c'est le rêve et l'inconscient (...) et la créativité aide à atténuer les tensions, les peurs", estime-t-elle.

La réinterprétation du surréalisme est subtile et se traduit dans le choix des tissus, de plissés qui évoquent l'eau ou un arbre comme chez Dora Maar. Dans une robe "arbre", le haut est brodé de perles et le bas, couleur chair est fait en mousselines de couleurs différentes qui sont superposées. "On dégarnit certaines parties pour faire ressortir la couleur souhaitée et on vient apporter l'effet d'effilochage aux motifs", explique un couturier à l'atelier.

"La collection parle de l'artisanat", souligne Maria Grazia Chiuri, heureuse d'avoir trouvé un cinéaste "artisan" qui a permis de "visualiser" son imaginaire.

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