Dans sa démarche clinique, elle essaie de comprendre cette violence, "sans l’excuser", précise-t-elle. "Je me confronte à la violence, plutôt que de la mettre sur le côté sans vouloir la voir. Ce n’est pas en évitant cette confrontation qu’on résoudra le problème. Comment se reconnecter à l’humanité chez quelqu’un qui va à l’encontre de vos valeurs ? C’est cela qui m’intéresse", souligne-t-elle. "Et c’est une problématique qui est fortement genrée", poursuit Isabelle Seret. A propos des violences intrafamiliales, l’Institut pour l’Égalité entre les femmes et les hommes écrit en effet : "Les violences dans les relations intimes sont, le plus souvent, la manifestation, dans la sphère privée, des relations de pouvoir inégales entre les femmes et les hommes encore à l’œuvre dans notre société. […] Il apparaît que dans la grande majorité des cas, les auteurs de ces violences sont des hommes et les victimes, des femmes."
Isabelle Seret reprend : "Mon père était l’un d’entre eux. J’ai voulu le comprendre. Qui était cet homme ? Cela m’a donné une curiosité saine pour ces comportements violents. Et je me suis rendu compte que moi-même je minimisais certains comportements, car j’avais grandi là-dedans. J’ai dû faire un travail sur moi pour comprendre que, non, ce n’est pas normal de hurler ou de jeter des meubles… je pense que ce type de violence est taboue car elles sont commises par nos frères, nos pères, nos oncles… des hommes comme les autres et proches de nous."
Il y a très peu de littérature qui concerne la prise en charge des hommes violents
Les ateliers qu’elle met en place pour le groupe ont plusieurs objectifs. "D’abord, qu’ils reconnaissent les actes répréhensibles qu’ils ont commis. On essaie aussi de leur permettre de reconnaître les signes qui les font passer à l’acte, on veut créer une écoute émotionnelle chez eux. La plupart d’entre eux n’ont pas appris à gérer leurs émotions, c’est un grand foutoir à l’intérieur qu’ils ne verbalisent pas, ne manifestent pas et qui sort par la violence. Ce que j’ai compris aussi, c'est que la minimisation des faits a comme conséquence pour eux qu'une gifle ou une menace avec couteau, c'est presque la même chose... On travaille avec des tableaux et différentes colonnes pour leur apprendre. Par exemple, dans la colonne rouge, on met hurler, dans l’orange, on met crier et dans la verte, parler", résume Isabelle Seret. Petit à petit, certains participants amorcent un chemin de remise en question.