Concernant l’erreur d’actualisation du 4 et du 5 décembre derniers, elle s’explique par le fait que "les dernières fois où les chiffres des soins intensifs ont été mis en avant sur un graphique dataient d’avant le second pic de novembre", poursuit Axel. Début décembre, une demande a été faite pour ressortir ce graphique, avec le chiffre du jour. "Malheureusement, si le chiffre a été actualisé, le graphique non. La base est restée celle de début novembre. Ce qui explique l’absence d’un deuxième pic sur la courbe. Il s’agit d’une erreur d’inattention à travers laquelle tout le monde est passé. Il existe une vérification avant de mettre sur antenne mais celle-ci s’est portée sur le chiffre en lui-même et non sur la courbe du graphe". Le problème d’actualisation a bien évidemment été rectifié depuis.
Peut-on faire confiance aveuglément aux graphes et aux chiffres ?
"Il ne faut jamais perdre de vue que ces chiffres et ces graphes doivent toujours s’accompagner d’une mise en contexte", explique Simon Dellicour, épidémiologiste à l’ULB. "Chaque métrique [nombre de cas, décès, hospitalisations. Ndlr] peut être représentée de plusieurs manières et elles ne sont pas toutes comparables dans l’espace et dans le temps. Si on prend le nombre de cas détectés au jour J et qu’on le compare avec les chiffres de la première vague, il ne faut pas oublier que l’effort ainsi que la stratégie de dépistage ont bien évolué depuis le début de la pandémie".
Il en va de même lorsque l’on compare le nombre de décès en Belgique avec les autres pays. "Notre manière de comptabiliser les décès attribués à la COVID-19 n’est pas nécessairement la même que celle appliquée dans les autres pays. Il faut donc rester très prudent avec ce type de comparaison".
Le travail d’interprétation des chiffres est délicat.
La mise en contexte, une notion sur laquelle insiste aussi Adeline Louvigny. Elle est journaliste pour le site Web de la RTBF et elle s’est spécialisée dans l’analyse des données depuis le début de la pandémie. Chaque jour, le site Web propose d’ailleurs une mise à jour des graphes et des données. "Ces graphes sont repris dans un article qui explique le contexte", commente Adeline. "On ne met pas uniquement les chiffres bruts. On peut expliquer si on voit émerger une tendance,… Ces données sont mises à jour régulièrement pour que les gens puissent avoir une vue claire sur l’évolution de l’épidémie."