Belgique

Christophe Servais, Commissaire de police à Jeudi en Prime : incompréhension et colère après la mort d’un policier poignardé

Jeudi en Prime

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Pas de personnalité politique au programme de l’émission Jeudi en Prime, ce jeudi sur la Une. C’est Christophe Servais, Commissaire à la zone de police de Bruxelles Capitale-Ixelles, où il gère une équipe de 300 inspecteurs, qui était invité, une semaine après l’attaque au couteau menée à Schaerbeek contre deux policiers dont l’un, Thomas Monjoie, a perdu la vie et l’autre a été blessé.

Depuis une semaine, la colère gronde au sein de la police sur fonds de manque d’effectifs et de travail de plus en plus difficile sur le terrain.

Un sentiment d’incompréhension

Quel est l’état d’esprit des policiers, une semaine après cette attaque ? "Cela fait mal dans les tripes", répond Christophe Servais, Commissaire de police à la zone de Bruxelles Capitale-Ixelles. "Un policier fait son métier par passion et par vocation avant tout. La plupart des policiers de terrain ne comprennent pas ce qui peut arriver et de quelle manière ça peut encore arriver maintenant", poursuit-il. Chez lui et chez les inspecteurs qu’il côtoie, c’est l’incompréhension. "On fait ce métier pour protéger des gens avant tout. Le fait qu’on s’en prenne à nous est totalement incompréhensible", ajoute-t-il.

De la colère aussi alors que les revendications n’ont pas été entendues

Le drame survenu la semaine dernière à Schaerbeek a aussi réveillé la colère des policiers. Il y a "une forme de colère, parce qu’on ne se sent pas respecté par la population, par la magistrature, par les politiciens", répond le Commissaire Servais. "On ne sent pas écoutés, en tout cas. C’est un sentiment qui est très fort au niveau de la police", continue-t-il.

Du côté du gouvernement, la ministre de l’Intérieur notamment a exprimé sa solidarité avec les policiers, parlant d’une journée noire. Pour les policiers, cela arrive tard. "Il a fallu peut-être ce drame pour qu’on nous entende, mais ce n’est pas depuis la semaine dernière qu’on a des revendications", explique le Commissaire Servais qui trouve "dommage qu’on doive se servir, et le mot est horrible, d’un décès aussi horrible que celui-là pour peut-être avoir des avancées".

Ce jeudi, les syndicats du secteur "Police" ont été reçus chez le Premier ministre. Celui-ci leur a annoncé un plan d’action. "On va voir ce que contient ce plan d’action et la manière dont il va être exécuté", réagit le Commissaire Servais mais, ajoute-t-il, "cela n’empêchera pas la manifestation prévue à la fin du mois".

Et pourtant, la tolérance zéro a été décrétée à l’encontre des violences contre les forces de l’ordre

Depuis environ deux ans, la tolérance zéro est de mise pour les auteurs de violence à l’encontre des policiers. "D’après mes renseignements, cette tolérance zéro est effective au sein du parquet", confirme le Commissaire Servais.

Pourtant, explique le Commissaire, "sur le terrain, on ne la voit pas du tout […] parce que des personnes qui s’en prennent aux policiers, des agressions verbales ou physiques, il y en a tous les jours".

Le Commissaire poursuit : "les policiers n’ont pas cette impression que la tolérance zéro est vraiment efficace, parce que les auteurs n’ont pas encore la peur d’être punis".

Bref, pour le Commissaire Servais, il faudrait que le message passe. "Peut-être faudrait-il que le parquet améliore la communication envers la population et la police pour montrer que quelque chose est effectif".

Car sur le terrain, la situation s’est aggravée au fil des années dans la police depuis 25 ans. Il épingle ainsi le "bashing anti-police" qui, selon lui, s’est accentué. Il y a aussi eu la crise sanitaire, "où des personnes qui n’avaient jamais eu affaire à la police se retrouvaient comme suspects pour des ports de masque ou des Covid Safe Ticket […] On a amené des gens qui n’avaient jamais eu à traiter avec la police à s’opposer à la police", estime le Commissaire qui épingle aussi la montée sur les réseaux sociaux des commentaires anti-police.

De plus, du tapage nocturne à la grande criminalité, les terrains d’intervention des policiers sont vastes. Le danger prend des formes diverses "Et lorsque la police est en danger physiquement, comme on l’a vu dans le cas malheureux de Thomas, c’est souvent à un moment où elle s’y attend le moins", ponctue le Commissaire Servais.

Heureusement, conclut le Commissaire, "la grande majorité de la population nous soutient toujours".

Christophe Servais, Commissaire à la zone de police de Bruxelles Capitale-Ixelles, où il gère une équipe de 300 inspecteurs.
Christophe Servais, Commissaire à la zone de police de Bruxelles Capitale-Ixelles, où il gère une équipe de 300 inspecteurs. © Jeudi en Prime

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