Christopher Lee, 100 ans et toutes ses dents de… Dracula

Pour moi, Dracula, c’est une âme perdue, un homme qui vit la solitude du mal. Il y a en lui une force maléfique qui le pousse à faire ces choses terribles. Alors oui, c’est un personnage sanguinaire. Mais c’est aussi un personnage romantique… dans un univers érotique. Sa morsure est un acte sexuel évident. J’ai donc essayé de mettre toutes ces caractéristiques particulières dans le personnage. Il semble que j’ai réussi…

La meilleure définition du comte Dracula ne pouvait venir que de Christopher Lee, l’homme qui l’a incarné à de nombreuses reprises au cinéma… huit pour être précis (sur plus de 220 films quand même, c’est peu et beaucoup), que ce soit dans "Le cauchemar de Dracula" en 1958 à "Dracula vit toujours à Londres" en 1973 en passant par "Dracula, prince des ténèbres" en 1966 de Terrence Fischer (un must). Sans oublier le kitchissime "Dracula père et fils" d’Edouard Molinaro en 1976 avec Bernard Menez.

Pourtant, associer l’image du vampire à Christopher Lee est ultra-réducteur. D’abord parce qu’il a commencé sa carrière à incarner d’autres fameux monstres comme la créature du Docteur Frankenstein, c’était en 1957 dans "Frankenstein s’est échappé", comme la momie dans "La malédiction des pharaons" en 1959. Il a aussi joué les héros comme Sherlock Holmes dans "Le collier de la Mort" en 1962 (encore et toujours un film de Terrence Fisher, comme tous ceux cités précédemment, pour le compte de la maison de production anglaise horrifique la Hammer) ; et les antihéros comme ce génie du mal, le Docteur Fu Manchu dans la saga éponyme !

Mais ce n’est pas tout car Christopher Franck Carandini Lee (son véritable nom), né le 27 mai 1922 à Londres, il y a un siècle, et décédé le 7 juin 2015 à 93 ans, est aussi le cousin par alliance de l’écrivain Ian Fleming, le papa de James Bond. Il s’est donc retrouvé tout logiquement engagé en 1974 pour jouer le méchant dans "L’homme au pistolet d’or". Francisco Scaramanga, le tueur à gages le plus efficace de la planète qui prévient ses victimes en leur envoyant une balle en or avec leur nom gravé dessus, c’est lui ! Même si au départ, en 1962, Ian voulait que son cousin Christopher incarne le fameux Docteur No. En vain.

Avec tous ces personnages, Lee a tellement marqué les esprits dans les années 50, 60 et 70 que plus tard, toute une génération de (jeunes) cinéastes a voulu absolument travailler avec lui. Lui qui disait encore…

Brian de Palma, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, George Lucas, Wes Craven, Tim Burton et Peter Jackson, ils m’ont tous dit la même chose, ils m’ont tous avoué qu’ils avaient été élevés avec mes films !

Voilà pourquoi nous retrouvons, en vrac et dans le désordre, Christopher Lee aux génériques de films et autres sagas comme "Le Seigneur des Anneaux" (en Saroumane), "La revanche des Sith" (en comte Dooku), "Gremlins 2", "Charlie et la chocolaterie" et "Hugo Cabret". Sans oublier "Police Academy : Mission à Moscou", le septième et dernier épisode du cycle délirant. Et dire qu’il a failli reprendre le rôle du professeur Dumbeldore à la mort de Richard Harris en 2002 ! ?

Finalement, quel que soit le rôle, au fil des années, Christopher Lee a surtout démontré son incroyable aptitude à pouvoir tout jouer et imposé ses 196 cm, soit un physique hors norme pour un géant du cinéma !