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Ciao Kennedy : "Notre musique, c’est un peu un sucré-salé"

Ciao Kennedy sur les toits de Bruxelles.

© Joris Ngowembona

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Par Renaud Verstraete

La musique de Ciao Kennedy sonne comme une devinette : "Que font un juriste, un réparateur de vélo, un prof de théâtre, un brasseur et un éducateur social lorsqu’ils décident de se mettre en colocation tous ensemble ?" La réponse s’écoute à haut volume et est un condensé d’expérimentations loufoques entre post-rock, hip-hop et jazz fusion. Le dernier EP de Ciao Kennedy, "the problem is", est une véritable réussite qui inscrit définitivement le groupe dans la nouvelle scène hybride bruxelloise. Trip garanti !

Ciao Kennedy, c’est un peu le rêve qu’ont toutes les bandes de potes. Se rencontrer via une passion commune, habiter ensemble et faire de la musique du soir au matin, pour le fun d’abord, pour la scène ensuite. Ce rêve, Samuel du Fontbaré (guitare), Léopold de San (guitare), Louis Gaillard (claviers), Gaspar de Bellefroid (basse) et Simon Boonen (batterie), ont choisi de le vivre ensemble le jour où ils se sont installés en colocation.

En déménageant à Bruxelles, ces 5 copains ressortent de leurs cartons des instruments qu’ils avaient quelque peu délaissés depuis leur adolescence : "Simon avait fait un peu de batterie dans son adolescence et moi du piano. Mais les autres ont appris sur le tas, vraiment. Sur le tas, et sur le tard (rires)" se souvient Louis, claviériste.

De gauche à droite : Samuel du Fontbaré (guitare), Léopold de San (guitare), Gaspar de Bellefroid (basse), Louis Gaillard (claviers) et Simon Boonen (batterie).
De gauche à droite : Samuel du Fontbaré (guitare), Léopold de San (guitare), Gaspar de Bellefroid (basse), Louis Gaillard (claviers) et Simon Boonen (batterie). © Magma

Sans formation particulière, la bande bidouille, chacun dans son coin et puis très vite avec l’idée de monter un projet ensemble. "On a appris à jouer ensemble à mesure que chacun apprenait son instrument durant ces deux années".

Ni une ni deux, ils décident d’aménager leur sous-sol en local de répétition. Vient alors la fameuse question des voisins… "Heureusement, on avait des voisins trop cool (rires). Un jour, notre voisin direct nous a dit : "Je vous entends dans mon salon mais mes enfants adorent, je les vois danser" (rires). De l’autre côté habitait une dame âgée qu’on surnommait Madeleine et qui était vraiment gentille comme un cœur. On ne sait pas trop si elle l’entendait, mais de temps en temps, elle venait frapper sur la porte du garage pour demander un petit service pour ses courses. Elle ne s’est jamais plainte (rires)" raconte la bande.

Pas de problèmes, que des solutions

Ce garage devient très vite un laboratoire où les 5 colocataires s’adonnent à des expérimentations sans limites, allant même jusqu’à sampler le dessin animé "Babar" sur une de leur tracks. Ciao Kennedy se cherche et puis se trouve. Après un premier EP résolument pop en français, le groupe prend un tournant à 180°. Exit le chant, leur musique sera à présent instrumentale.

Inspirée par la scène néo-jazz anglaise, la recette est super efficace. Leurs ingrédients secrets ? "Des guitares, des effets qui donnent ce côté post-rock, une batterie qui va tout droit et qui drive la musique, des claviers qui s’amusent beaucoup et qui cherchent pleins de textures différentes. Notre musique c’est un peu un sucré-salé. On pense être parti dans quelque chose et puis "hop" il y a une surprise, des cassures. C’est une sorte de trompe-l’oeil comme diraient les experts en cuisine (rires)".

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Avec "the problem is", le troisième chapitre de l’histoire du groupe, Ciao Kennedy s’affranchit de ses premiers essais et dévoile une identité plus tranchée aux croisements du post-rock et de la musique électronique. Tout au long de ces 5 titres, le groupe bruxellois virevolte et prend un malin plaisir à nous envoyer balader entre mélodies progressives énervées et beats déstructurés, entre trip à l’acide et aventures nocturnes.

Jazz ? Rock ? Hip-hop ? L’étiquette importe peu tant le mélange est subtilement dosé. Finalement, on en vient à se dire que "the problem is" ne sonne que comme Ciao Kennedy. Et c’est très bien comme ça.

Bruxelles vie

Aujourd’hui, les 5 copains ont dû quitter leur colocation. Heureusement, ils ont pris leurs nouveaux quartiers au sein de Volta, un espace de création qui abrite les musiciens de la nouvelle scène bruxelloise et qui reflète son effervescence. Aux côtés de groupe comme Tukan et Echt !, Ciao Kennedy se place aujourd’hui en porte-étendard de la scène alternative bruxelloise : "On balbutiait à peine avec nos instruments qu’on était déjà des gros fans de ces groupes-là. Je suis toujours un peu surpris de me dire qu’on fait partie de cette scène-là. Ce sont des groupes qu’on a vus en concert et à qui on serre maintenant la main au Volta. On ne remerciera sans doute jamais assez le Volta pour le travail formidable qu’ils font pour la musique à Bruxelles" conclut Samuel, guitariste.

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