Pendant ces presque cinq ans, ce fut souvent "violent", affirme Sandra Muller. Accusée d'avoir jeté en pâture le nom d'un homme, elle défend sa parole. "Je n'ai jamais dit qu'Eric Brion était un violeur", dit-elle. Mais il faut "dégommer" ce qui est considéré comme "le plus bas niveau" de l'agression, à savoir les agressions verbales, pour espérer lutter contre les violences physiques, soutient-elle.
Tout le monde n'est pas de cet avis. "J'ai subi des attaques aussi bien virtuelles que réelles. J'étais l'affreuse sorcière qui avait osé parler", dit la journaliste de la Lettre de l'audiovisuel, en évoquant les trolls sur les réseaux sociaux, le contrecoup sur sa vie privée --des "réactions de rejet", une famille inquiète-- comme professionnelle.
"C'est difficile de retrouver la vie d'avant, je commence à peine", ajoute-t-elle. "J'ai perdu du travail(...). Un jour j'ai demandé à une grande radio (..) si je pouvais faire des piges, on m'a répondu "on ne peut pas faire travailler madame #balancetonporc"".
Dernièrement, les piges reviennent, doucement, explique-t-elle. Et malgré les difficultés, elle juge que le bilan, cinq ans plus tard, en vaut la peine.#balancetonporc, #MeToo, "ça a quand même fait progresser la société", affirme-t-elle, citant la libération de la parole, les mesures prises dans les entreprises.
Avant, beaucoup des personnes s'adonnant à du harcèlement ou pire "pouvaient avancer en toute impunité, faire ce qu'elles voulaient avec un silence général organisé, des appuis considérables". Aujourd'hui, "ces personnes-là vont réfléchir à deux fois avant de venir agresser", veut-elle croire.