En 1893, Sidonie-Gabrielle Colette épouse, sans dot, Henry Gauthier-Villars, dit "Willy", un critique musical très en vue à Paris de 14 ans son aîné, dont elle tombe très amoureuse.
Ce libertin l’emmène dans les salons fréquentés par Proust, Debussy, Guitry… On s’y moque gentiment de ses "r" roulés de Bourguignonne et de ses deux nattes blondes d'"1m58".
"Vous devriez jeter sur le papier des souvenirs de l’école primaire", l’encourage son pygmalion, à la tête d’un atelier d’écriture de romans légers. "N’ayez pas peur des détails piquants…"
"Gabri" s’exécute. En 1895, elle noircit des centaines de pages mais Willy, déçu, les range dans un coin. "Nom de Dieu, je ne suis qu’un con !", jure-t-il cinq ans après en redécouvrant les cahiers.
En 1900, paraît Claudine à l’école signé Willy. En ajoutant des grivoiseries, il fait exploser les ventes. De 1901 à 1903, suivent trois Claudine.
En dépit du succès, le couple vit au-dessus de ses moyens. Colette, craignant la ruine, quitte Willy et s’installe chez son amante Mathilde de Morny, dite "Missy".
Lorsqu’elle apprend en 1909 que son joueur invétéré de mari a vendu les droits de Claudine, elle exige le divorce. Elle règlera ses comptes dans Mes apprentissages (1935).